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La chute de Lejaby, la marque de lingerie française haut de gamme

La chute de Lejaby, la marque de lingerie française haut de gamme

Maison Lejaby, entreprise de lingerie française, a été placée en redressement judiciaire le 2 janvier 2024. Marque historique, elle enchaîne les difficultés depuis le début des années 2000. Récit en archives.

Par Romane Laignel Sauvage - Publié le 04.01.2024
Lingerie : Retour sur l'histoire de Lejaby - 2005 - 06:28 - vidéo
 

L'ACTU.

Affaiblie par la crise de la Covid-19, l'entreprise de lingerie française Maison Lejaby a été placée en redressement judiciaire. Marque historique, elle avait lancé ses premiers soutiens-gorge en 1930 et se montra particulièrement innovante à partir des années 1960 en créant ses premières pièces en lycra.

Depuis la fin des années 1990 et le développement d'une concurrence mondialisée, Lejaby n'a pas su se réinventer, a enchainé les rachats et n'a eu de cesse de réduire ses effectifs français. Récit en archives de la chute d'une marque française haut de gamme.

LES ARCHIVES.

Symbole de la désindustrialisation du territoire français dans une économie mondialisée, l'entreprise de lingerie Lejaby tente de faire face à la concurrence internationale depuis plus de 20 ans. En vain. De plans sociaux en redressements judiciaires et rachats, la marque est passée de 1000 employées françaises au début des années 2000 à une grosse cinquantaine en 2024. Au fil des années, la télévision racontait les batailles des salariées pour garder leur emploi dans une entreprise où elles avaient effectué toute leur carrière.

En 2005, France 3 Lyon consacrait un long reportage à Lejaby, deux avant après la fermeture de plusieurs des usines rhonalpines de l'entreprise. « Ce groupe spécialisé dans la lingerie féminine employait un millier de salariées en 2001. Quatre ans et un plan social plus tard le groupe ne compte plus que 800 employées. Une partie de la production a été délocalisée en Tunisie », expliquait-on. Quatre usines avaient fermé leurs portes : Firminy, Vienne, Rillieux-la-Pape et Beynost. Restaient Yssingeaux, Bellegarde, Bourg-en-Bresse et Le Teil. Et, de poursuivre : « Trois ans plus tard les couturières ont dû se réadapter et les résultats se font encore attendre ».

Des employées mobilisées

La première partie de ce sujet disponible en tête d'article concernait le siège de Lejaby, à Rillieux-la-Pape, dans la banlieue nord de Lyon. Là-bas, l'usine avait été fermée. « Plus de chaines de confection », les ouvrières mettaient au point des prototypes. La production avait lieu ailleurs. Malgré leur mobilisation lors de l'annonce d'un plan social, elles « n'auront rien empêché ».

Fernande Da Lata travaillait à Beynost. Elle participait désormais à la création des « proto » dans les ateliers du siège. « C'est mieux (...), vous n'êtes pas tout le temps sur le même modèle à faire une même opération », disait-elle. Une directrice des ressources humaines mettait en avant les efforts de l'entreprise pour la reconversion, la formation et l'intégration des employées qui avait pu conserver un emploi. « Une entreprise qui va de l'avant et doit réussir », assurait-elle.

Pourtant, avec les départs en retraite et les licenciements, plus d'un tiers des effectifs de production avait été supprimé et « deux ans après l'entrée en application du plan social le traumatisme est encore palpable. » Nicole Mendez, employée et déléguée CFDT, témoignait : « On a l'impression d'avoir tout perdu et qu'il faut se reconstruire donc, pour ma part, j'ai eu de la chance, mais on se retrouve avec un autre métier qu'il faut réapprendre, ce n'est pas facile du tout. Il faut être volontaire. » Les ventes stagnaient, le chiffre d'affaires était même en baisse, précisait le commentaire.

Des licenciements et des rachats

Dans une deuxième partie, France 3 se rendait à Firminy, lieu de fermeture d'une usine. Là-bas, d'anciennes employées continuaient de faire le « point régulièrement sur le devenir des anciennes collègues », autour des anciennes déléguées syndicales. « Pour mieux supporter ensemble la précarité ». Edith Duplat après 31 ans chez Lejaby racontait : « Je suis retournée à l'école, j'ai eu mon CAP petite enfance, ça a été un peu dur (...) Et depuis, j'ai envoyé pas mal de CV (...) et je n'ai eu qu'un contrat de trois mois. » En conversion professionnelle, la plupart étaient encore dans l'attente de contrats.

En 2010, la marque annonçait la fermeture de trois nouveaux sites de production, rapportait l'archive de France 2 ci-dessous. Un plan social prévoyait la suppression de 200 postes pour « faire fabriquer à l'étranger ». Angeline Ladre, employée, dénonçait la gestion de Lejaby : « Trente ans qu'on a travaillé avec un chrono derrière, payées avec un SMIC à la fin et pour nous remercier, eh bien voilà : au-revoir. » Pour protester, une trentaine de salariées occupaient le siège de Rillieux et dormaient sur place. « C'est malheureux d'en arriver là, mais on se bat pour partir dignement et avec de l'argent ». L'entreprise était liquidée.

Lejaby ferme trois sites de production
2010 - 02:21 - vidéo

En 2012, l'une des dernières usines Lejaby fermait. Elle était reprise par un maroquinier fournisseur de LVMH qui promettait le maintien en emploi des 93 employées du site. Dans l'archive ci-dessous, les salariées se félicitaient : « Je suis très contente qu'il reprenne tout le monde, on a gagné » ; « On est contentes de nous aussi, si on n'avait pas tenu, on n'aurait peut-être rien. »

Reprise de l'usine Lejaby par Sofama
2012 - 02:02 - vidéo

De Lejaby ne restait que le site de Rillieux-la-Pape et moins de 200 employées. Rachetées encore plusieurs fois, les stratégies pour relever la marque furent variées. Mais infructueuses.

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