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Madeleine Riffaud : «Paul Eluard m'a mise dans la bonne direction»

Madeleine Riffaud : «Paul Eluard m'a mise dans la bonne direction»

La résistante Madeleine Riffaud est décédée à l'âge de 100 ans, mercredi 6 novembre. Elle était entrée très jeune dans la Résistance. C'est ensuite avec le journalisme, sur un conseil de Paul Eluard, qu'elle continuera son combat pour la liberté.

Par la rédaction de l'INA - Publié le 20.08.2021 - Mis à jour le 06.11.2024
 

L'ACTU.

Elle avait fêté ses 100 ans en août. La résistante Madeleine Riffaud est morte mercredi 6 novembre à Paris. Cet été, en pleine commémoration de la Libération de Paris, il était rendu hommage à celle qui participa à l'insurrection parisienne, à peine âgée de 20 ans.

PORTRAIT.

À bientôt cent ans, Madeleine Riffaud se souvient comme si c'était hier de sa participation pour la Libération de la France, à partir de mars 1944, alors qu'elle n'a que 19 ans. Un combat pour la dignité, après avoir été humiliée par des soldats allemands quelques années auparavant. Elle le racontait dans le premier tome d'une bande dessinée « la Rose dégoupillée », parue en 2019.

Le 4 juin 1971, Madeleine Riffaud était à l'honneur de l'émission « Aujourd'hui Madame », et revenait sur les causes de son destin si particulier. Arrêtée en juillet 1944 par la Gestapo pour avoir abattu en plein jour sur le pont de Solférino de deux balles dans la tête un officier allemand, Madeleine Riffaud est torturée, emprisonnée, promise à la déportation à laquelle elle parvient à échapper en s'évadant d'un train. Plus tard, elle échappe de peu à la mort par fusillade en étant échangée au dernier moment, pour être finalement libérée le 19 août.

Son expérience de la torture la marque profondément : « Je ne pouvais plus vivre de la même façon qu’avant. Quand un jeune arbre est coupé, ou reçoit un choc, il se met à pousser dans un autre sens, il est un peu tordu. Peut-être que, moi aussi, je suis tordue. En tout cas, quand je suis sortie de la Résistance, je savais que je ne pourrais pas mener une vie toute bête, sans m’engager, car sinon je n’aurais pas eu la paix, la seule qui compte, c'est-à-dire la paix intérieure. »

Une vie d'engagement

Le retour à la vie civile est difficile. C'est une rencontre fortuite avec le poète Paul Éluard, le 11 novembre 1945, qui lui permet de s'engager à nouveau, différemment, dans une direction qui corresponde à ses aspirations pour la liberté et la justice. Éluard, le seul qui s'intéressa à son cas par ce jour de grand froid, comprit la détresse physique et psychologique de la jeune femme et lui proposa son aide, décelant chez elle un talent de journaliste. L'auteur de Capitale de la douleur lui donna le contact de Louis Aragon, alors directeur du journal communiste « Ce soir » : « Il m’a reprise en main, sans lui, j'aurais peut-être été perdue. C’est le hasard. »

Il va poursuivre une carrière de journaliste et de reporter de guerre qui la verra défendre notamment la cause du nord Vietnam, mais seulement après une période de rémission : « Je ne suis pas passée brutalement de la Résistance à mon métier de correspondante de guerre, d’abord parce que je ne connaissais pas mon métier, il a fallu que je l’apprenne, et c’était encore très confus dans ma tête. Je me suis mariée, j’ai eu une petite fille, je suis tombée très malade aussi à cause de la prison. »

Parallèlement à son métier de journaliste, Madeleine Riffaud a écrit des poèmes, des essais et des contes pour enfants.

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