L'ACTU.
C'est un sujet particulièrement sensible. En réponse à des demandes de « beaucoup d'éleveurs », le ministre de l'Agriculture a annoncé l'assouplissement des protocoles pour tirer sur les loups.
Une décision allant dans le sens de la FNSEA. La présidente de la branche ovine du syndicat agricole majoritaire, Michèle Boudoin, a ainsi salué « des avancées et des choses positives » dans le journal La Croix. En 2022, les éleveurs avaient relevé près de 12 000 bêtes attaquées pour quelque 1100 loups officiellement recensés.
Du côté des défenseurs de l'environnement, cette mesure a mal été reçue. Sur France Info, Jean-David Abel, pilote du réseau biodiversité de France Nature Environnement (FNE) a dénoncé un « plan communiquant », notant que « l’État a choisi vraiment de déséquilibrer le plan en donnant une part prépondérante aux tirs de loups ».
Parmi les personnes autorisées à tuer les loups, il y a les louvetiers. Une très ancienne fonction aujourd'hui remise sur le devant de la scène.
LES ARCHIVES.
« Un lieutenant de la louveterie, c'est un homme qui a du temps, [qui] aime la nature et les chiens, la chasse, [qui] soit protecteur de la nature autant que faire ce peut. » En 1993, alors que le retour des loups en France n'avait pas encore été acté, France 3 Rouen faisait le portrait des louvetiers, une fonction « qui a survécu aux derniers loups ».
« C'est le bras droit de l'administration dans certains cas ». Dans cette archive en tête d'article, un lieutenant de louveterie racontait le rôle de ces chasseurs bénévoles nommé par le préfet. « Le rôle de louvetier ce sont surtout les gros animaux, la régulation des gros animaux. » Sanglier, blaireau et gibier de toute sorte : les lieutenants de louveterie étaient chargés de prévenir les dégâts infligés par certaines espèces aux cultures et à la nature.
Une fonction millénaire, « créée par Charlemagne » disait le commentaire, dont la première mission était « de détruire les loups à force de chiens. » Celle-ci était tombée en désuétude une fois le dernier loup français abattu à la fin des années 1930.
« Tout le monde a peur »
Au début des années 1990, le loup, espèce protégée, faisait son retour en France via l'Italie. Repéré à partir de 1992, sa réapparition a permis aux louvetiers de reprendre leurs fonctions de régulation.
Car dès le début, alors que les responsables de parc nationaux se réjouissaient, la présence de ces prédateurs provoquait l'inquiétude des éleveurs. Dans l'archive ci-dessous, les bergers des alentours du parc national du Mercantour affirmaient : « Tout le monde a peur ».
Retour des loups dans le Parc National du Mercantour
1994 - 02:56 - vidéo
La sauvegarde du cheptel ovin peut permettre une dérogation à la protection des loups. Mais leur élimination est très encadrée, limitée en quantité et effectuée qu'en cas d'absence d'autres solutions. Dans l'archive de 2004 ci-dessous, TF1 avait suivi la traque d'un loup par les brigades de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (aujourd'hui intégré à l'Office français de la biodiversité). Ces agents étaient accompagnés de louvetiers.
Hautes-Alpes : traque au loup avec éleveur et louvetiers
2004 - 02:11 - vidéo
Très investi, Raymond Farnaud, président des louvetiers des Hautes-Alpes expliquait à la caméra : « Monsieur le préfet a dit qu'il fallait tuer le loup, eh bien, nous le ferons. Ça ne fera peut-être pas plaisir à tout le monde, mais c'est comme ça. » Première étape pour tuer le loup : « Il faudrait déjà le voir ».