L'ACTU.
Poilu, hirsute, dents aiguisées et yeux flamboyants... le loup-garou est à l'honneur, avec deux adaptations du célèbre jeu de société «Les Loups-garous de Thiercelieux». En version grandeur nature sur Canal+, avec le divertissement des humoristes Panayotis Pascot et Fary et dans un film avec Frank Dubosc et Jean Reno sur Netflix.
LE JEU.
Le principe du célèbre jeu de société créé par Philippe des Pallières et Hervé Marly en 2001, qui s'est vendu à près de trois millions d'exemplaires dans le monde entier, est simple. Deux équipes s'affrontent : les villageois et les loups-garous. Les premiers doivent démasquer ceux qui sont en réalité des loups-garous voraces. Chaque matin, le village se réveille avec une nouvelle victime. Lors d'un conseil, les villageois tentent de démasquer les perfides loups-garous, sous peine d’être dévorés et de perdre la partie. L'intérêt du jeu réside dans les diatribes de chacun pour convaincre le village qu'il n'est pas un danger. Mensonge, manipulation, tromperie sont au programme du conseil.
En 2010, Bernard Werber, grand fan du jeu, et son co-créateur Hervé Marly évoquaient le principe du jeu.
Bernard Werber et Hervé Marly sur le jeu du loup-garou
2010 - 01:10 - vidéo
« C'est un jeu qui me passionne parce que c'est comme si on créait en direct un roman ». (Bernard Werber)
« Le principe du jeu, c'est que chaque joueur incarne un personnage qui habite Thiercelieux (...) le but ultime, c'est de savoir qui est les loups-garous qui mentent sur leur véritable caractère (...) les gentils villageois vont essayer de découvrir parmi tous ceux qui parlent, ceux qui ont une rhétorique de mensonge ». (Hervé Marly)
« Loup, y es-tu ? Entends-tu ? Que fais-tu ?... Promenons-nous dans les bois. Pendant que le loup n'y est pas. Si le loup y était. Il nous mangerait. Mais comme il n'y est pas. Il nous mangera pas ! » Tout le monde connait les paroles de cette comptine enfantine. Elle fait référence au « grand méchant loup » présent dans l'imaginaire des enfants depuis des siècles.
Il fut une époque où le loup dévorait les petits bergers imprudents dans les campagnes. Parfois, ce loup aux allures démoniaques, n'avait plus rien de naturel. On racontait qu'il marchait comme un homme sur deux pattes, dévorant tout ce qu'il trouvait sur son chemin. Gare à celui qui se perdait dans les bois ou dans les marais, la nuit venue...
Le loup-garou, monstrueux animal sanguinaire, fascine autant qu'il effraye. La télévision ne s'est jamais privée de faire trembler les téléspectateurs avec des histoires de lycanthropes affamés. La chasse est ouverte !
LES ARCHIVES.
Pour commencer notre chasse au loup-garou dans les archives, nous vous proposons, en tête d'article, une courte fiction réalisée par FR3 Limousin-Poitou-Charentes en mai 1980. Pierre Dubois nous raconte l'histoire « authentique », précise-t-il, d'un loup-garou qui terrorisa le Marais Poitevin au XIXe siècle.
Dans ses habits sombres, aussi opaques que les brumes du marais inquiétant, le conteur relate par le menu comment les habitants d'un petit village, effrayés par une ombre qui rôdait autour des fermes et qui pillait leurs poulaillers, décidèrent d'attraper ce voleur de poules... « Les gens du village entendent bien les cris et les coups de feu, mais ils ne bougent pas. Bien au contraire, ils ferment les volets, les portes. Ils se terrent, ils ont peur. Ils ont peur de quoi ? Du loup-garou ! »
La crainte et la colère aidant, l'ombre devint vite un loup-garou dans les esprits de chacun. Jusqu'au jour où l'on décida de le chasser et de le tuer avec des balles en argent qui devront toucher le cœur de la bête... « Qu'est-ce que c'est un loup-garou ? demande le conteur. Justement, on ne sait pas trop et c'est ça qui est effrayant. C'est un personnage mi-homme mi-bête, il sort la nuit à la pleine Lune. Il vous guette dans le fossé, il vous saute sur les épaules. Il vous oblige à courir longtemps, jusqu'à ce que vous tombiez par terre, mort épuisé. Ou alors il vous griffe, ou il vous mord... »
La fin de ce récit, nous vous laissons le découvrir pour nous intéresser aux origines du loup-garou et découvrir comment les archives l'évoquent.
Un personnage de la mythologie
Il semblerait que le mythe du loup-garou ou lycanthrope (un homme qui se prend pour un loup) ait vu le jour pendant l'Antiquité. C'est ce que racontait Claude Gaignebet (1938-2012), folkloriste, dans le magazine « Fenêtre sur » d'Antenne 2 en juillet 1977. Dans l'archive ci-dessous, il est question du mythologique roi Lychan - à l'origine de la lycanthropie - un monarque particulièrement cruel qui avait voulu duper le dieu Zeus. Ce qui lui arriva fut relaté par le poète Ovide et retracé avec humour par Claude Gaignebet.
Claude Gaignebet parle de l'origine du mythe du loup-garou
1977 - 01:48 - vidéo
Un homme damné
Dans cette même émission de 1977, l'écrivain et folkloriste Claude Seignolle (1917-2018) proposait une autre origine du loup-garou qui était plutôt « un damné sur la terre ». Il expliquait que dans le Poitou, on pensait que l'homme avait été damné par le diable, après avoir passé un pacte avec lui. Dans le cas de la damnation, le concerné ne se rendait pas compte de son état, il pensait rêver lorsqu'il se transformait en loup. Selon la tradition poitevine, il répétait chaque nuit la même pérégrination : faire le tour des 7 communes environnantes pendant 7 jours durant 7 ans. Mais, expliquait l'auteur de La malvenue, la damnation pouvait également résulter d'un prêtre ! L'état de loup-garou représentant une punition divine.
Il racontait que les curés de Vendée, investis d'un pouvoir pour punir des individus, lançaient des « monitoires » contre des voleurs ou les supposés assassins... les adjurant d'avouer leurs péchés. Ce monitoire était répété en chaire 3 dimanches de suite. Le 4ème dimanche, le curé faisait évacuer les personnes sensibles de l'église « et se livrait à l'amorphosement (la déformation) du coupable à distance. Il avait le cierge noir de la damnation et commençait sa malédiction avec les mêmes mots qu'aurait utilisés un sorcier, condamnant le coupable à devenir loup-garou pendant 7 ans ».
Claude Seignolle et le mythe du loup-garou dans le Poitou et en Vendée
1977 - 03:31 - vidéo
Une croyance paysanne
Quoi qu'il en soit, la bête immonde ne manquait pas de terroriser les campagnes, où la peur du loup fut la plus partagée. C'est ce que narre ci-dessous Jean-Louis Boncoeur (1911-1997), conteur et comédien : « Bête étrange, multiforme, protéiforme qui prend parfois des allures extraordinaires dans la nuit déformées par l'imagination de nos paysans qui ont créé ainsi la "grand-bête". » Il relate comment un vieux paysan lui avait décrit le loup-garou : « ... c'est un grand chien-loup noir, grand comme un cheval. Moitié bourrique, moitié vache et moitié chèvre, avec une queue de cochon et les yeux flamboyants, bien-sûr. » De quoi frémir en effet !
Jean-Louis Boncoeur et les légendes sur la peur du loup
1977 - 01:43 - vidéo
Et si c'était une maladie ?
Les mythes ont souvent une origine réelle, c'est un peu la thèse défendue par les frères Bogdanoff dans l'archive à suivre, extraite du magazine « Rayons X ». En 2003, les jumeaux, ou plutôt leurs avatars animés, exposaient la théorie la plus scientifique qui soit. Les loups-garous seraient en réalité des êtres atteints d'hypertrichose. La maladie provoque en effet une hyper pilosité. Les poils recouvrent entièrement le corps et le visage donnant une physionomie très animale.
Les loups garous
2003 - 02:12 - vidéo
Mythe ou réalité ? Les archives ne tranchent pas... Alors pour conclure cette chasse aux lycanthropes de tous poils, terminons comme nous avons commencé, avec une histoire « vraie » de loup-garou. Ce sont celles que l'on préfère, parce que, décidément, on aime tellement frissonner avec les archives de la télé.
Jean-Louis Boncoeur et l'histoire de Georget Garou
1977 - 03:39 - vidéo
Le conteur Jean-Louis Boncoeur, à grand renfort de hurlements de loups, raconte la légende de Georget Garou, un jeune adolescent soupçonné d'être un loup-garou.
