Mercredi 26 janvier, Emmanuel Macron a reçu au palais de l’Elysée des associations de rapatriés français d’Algérie. Face à elles, le chef de l’Etat a évoqué l’épisode connu sous le nom de « fusillade de la rue d’Isly ». Le 26 mars, à Alger, une manifestation de Français opposés à l’indépendance de l’Algérie était réprimée dans le sang par des soldats de l’armée française : « Ce jour-là, les soldats français déployés à contre-emploi, mal commandés, ont tiré sur des Français (…). Ce jour-là, ce fut un massacre », a déclaré le président de la République, ajoutant que « soixante ans après » ce « drame passé sous silence », « la France reconnaît cette tragédie ». Cet épisode, qui n’avait jamais été reconnu de vive voix par un chef de l’Etat français, est « impardonnable pour la République », a ajouté Emmanuel Macron, qui a en outre précisé que « toutes les archives françaises sur cette tragédie pourront être consultées et étudiées librement. »
Nous avons retrouvé dans les archives de l’INA un document exceptionnel, censuré à l’époque à la télévision française, un reportage du journaliste d'Europe 1 René Duval, qui a filmé au plus près l’événement. On y voit un premier cortège de la manifestation arrêté par des gaz lacrymogènes. Puis, au niveau de la rue d’Isly, la tension qui monte entre les manifestants et les « soldats musulmans » de l’armée française, jusqu’à ces « deux coups de feu tirés d’un balcon, comme un signal », et la fusillade, nourrie, qu’ouvrent les soldats. Les cadavres jonchent le sol. Les rafales se poursuivent, jusqu’à ce qu’une supplique se fasse entendre à plusieurs reprises, émanant très probablement d’un militaire, « de faire halte au feu, au nom de la France ».
Ces images ne seront diffusées à la télévision que le 6 septembre 1963, dans l’émission Cinq colonnes à la une, sur l’ORTF, dans le cadre d’une rétrospective consacrée à la guerre d’Algérie.
Le bilan exact de la fusillade étant à ce jour inconnu, les médias, reprenant les travaux des historiens, font état d'une « cinquantaine », voire d'une « soixantaine » de morts, et d'environ 200 blessés.