L'ACTU.
Amin Maalouf a été élu à la tête de l'Académie française. Jeudi 28 septembre 2023, l'écrivain franco-libanais est devenu le 33e secrétaire perpétuel de l'Académie, siège laissé depuis la mort d'Hélène Carrère d'Encausse le 5 août.
LES ARCHIVES.
« J'avais envie de lire un livre sur sa vie et je n'en pas trouvé alors, j'ai décidé de l'écrire. » En 1986, le journaliste Amin Maalouf publiait son deuxième ouvrage et premier roman : Léon l’Africain. Il y narrait la vie d'un personnage historique fascinant, Hassan al-Wazzan, voyageur né à Grenade et baptisé sous les ordres de Léon X, qui devint alors Jean Léon de Médicis, dit « Léon l’Africain ».
Invité sur le plateau d'« Apostrophes » pour raconter l'écriture de cette histoire, Amin Maalouf était introduit par Bernard Pivot : « Vous êtes né au Liban, vous vivez à Paris, où vous êtes journaliste, vous êtes éditorialiste à «Jeune Afrique», et après Les Croisades vues par les Arabes, qui était un très bon sujet d'histoire, vous venez de faire paraitre un roman historique intitulé Léon l'Africain aux éditions J.C. Lattès. »
Et de poursuivre, sur l'origine d'un héros étonnant : « Je dois dire c'est un roman passionnant de bout en bout parce que vous avez déniché un personnage absolument prodigieux, mais où l'avez-vous déniché ce Léon d'Afrique ? »
Reconstituer la vie de Léon l'Africain
Réponse de l'auteur, pour le moins universitaire : « Je l'ai découvert dans une note de bas de page ». Intrigué, Amin Maalouf avait cherché « dans des dictionnaires, dans des encyclopédies, et puis je n'ai pas trouvé suffisamment de choses. » Alors, il avait écrit le livre qu'il aurait aimé lire. Malgré ses recherches l'histoire Jean Léon de Médicis restait parcellaire. Il avait alors romancé le reste. « Je n'ai pas eu l'impression d'inventer en fait, mais de reconstituer », expliquait-il.
« Ce qui m'a le plus frappé au début, c'est qu'il est né à Grenade, musulman, et il s'est retrouvé 30 ans après, fils adoptif du pape, portant le nom de Jean Léon de Médicis et le surnom de l'Africain, écrivant en italien, à Rome, une description de l'Afrique. » Dans le second extrait ci-dessous, le romancier détaillait l'histoire de son personnage, lié à quatre lieux : Grenade, Fès, Le Caire et puis Rome.
Amin Maalouf sur son héro"Léon l'Africain"
1986 - 03:14 - vidéo
Amin Maalouf est né à Beyrouth et a étudié auprès des Jésuites. Sa langue maternelle est l'arabe, et comme il le confiait dans l'émission « Le divan d'Henry Charpier » en 1993 (disponible plus bas), il s'était découvert une affection pour le français et l'écriture très tôt. Il quitta le Liban pour la France au début de la guerre civile qui y fit rage entre 1975 et 1990. Dans ses premiers romans, il ne parle pas du Liban.
Parler du Liban
Jusqu'à son cinquième roman, Le Rocher de Tanios, qui débutait dans les montagnes libanaises. Il lui a valu le prestigieux prix Goncourt de 1993. Pour l'occasion, il était en direct sur France 2.« Qu’est-ce que ce rocher ? », l'interrogeait-on. « C'est en quelque sorte un personnage du village. Je me souviens, il y a près de 25 ans, mon père et moi nous nous promenions dans ce village, dans la montagne libanaise et nous sommes passés à côté d'un rocher. Il m'a dit : "Ici, il y a eu un crime autrefois", et il m'a raconté une histoire. Cette histoire est le point de départ de ce roman. »
« C'est la première fois depuis 17 ans que vous acceptiez d'écrire sur le Liban. Il vous a fallu tant de temps », commentait la journaliste dans l'extrait ci-dessous. «Je n'avais pas écrit de livres sur le Liban et pourtant je pense tous les jours au Liban », confiait le romancier, heureux d'en parler pour des raisons réjouissantes alors et non pas pour des « calamités commises par l'homme et des violences ». Il concluait : « Je crois que Liban mérite plus que le sort qu'il a reçu au cours des 20 dernières années. »
Duplex Café de Flore/Amin Maalouf
1993 - 05:27 - vidéo
À partir de cet ouvrage, il s'attache de plus en plus à raconter son pays de naissance. En 1996, il publiait Les Échelles du Levant, où évoquait pour la première fois la guerre du Liban. En juin 2011, il était élu au fauteuil 29 de l'Académie française succédant à Claude Lévi-Strauss.