Lech Wałęsa débute sa carrière comme simple électricien à Gdansk en Pologne. A la fin des années 70, il co-fonde le syndicat Solidarité (Solidarność) avec Anna Walentynowicz en réaction à son licenciement des chantiers navals de la ville. C’est le premier syndicat autonome créé dans la zone d'influence soviétique.
Le mouvement prend de l’ampleur et dénonce la dictature de l’Union Soviétique sur la Pologne. Le point d’orgue de la révolte est la grève organisée en août 80. D’abord cantonnée au port, elle s’étend à la ville puis à tout le pays. 10 des 13 millions de travailleurs polonais suivront le mouvement.
Rétrospective du mouvement ouvrier de Gdansk, 1980
La victoire de Solidarność
Après plusieurs semaines de bras de fer, les Accords de Gdańsk sont signés le 31 août 1980.
Signature des accords, 31 août 1980
C’est sans doute grâce au comportement modéré de Lech Wałęsa que les revendications ont été entendues : augmentations salariales, la semaine de travail de 5 jours, le droit de grève, l'autorisation de création de syndicats indépendants et la reconnaissance du syndicat Solidarność.
Réunion des syndicats libres, 4 septembre 1980
Le compromis obtenu par Walesa épargne au pays un bain de sang
Une reconnaissance internationale
La reconnaissance nationale lui donne une carrure politique. Sa non-violence et sa foi catholique lui confèrent une envergure mondiale. Son compatriote, le pape Jean-Paul II, le reçoit au Vatican en 1981.
Lech Walesa au Vatican
En octobre 81, il arrive en France pour une semaine, à l’invitation des grandes centrales syndicales françaises : conférences de presse, meetings, rencontre avec Pierre Mauroy le Premier ministre français. Le leader syndical est reçu comme un chef d’état.
Voyage à Paris, octobre 1980
Pourtant, l’année suivante, Solidarnosc est dissoute et son icône incarcérée durant 11 mois. L’arrestation provoque l’indignation de la communauté internationale. A sa sortie, des milliers de Polonais l’accueillent avec ferveur. Pendant quelques temps, le syndicaliste reste prudent mais il revient rapidement sous les feux des projecteurs.
Libération de Walesa, décembre 1982
En 1983, Lech Walesa reçoit le prix Nobel de la Paix pour son action positive et pacifiste dans la crise polonaise.
Nobel de la Paix, 5 octobre 1983
Wałęsa redevient l'interlocuteur privilégié du général Jaruzelski et parvient à imposer la légalisation du syndicalisme et donc de Solidarité. Mais surtout, l’instauration d’un pluralisme politique.
Négociations avec le gouvernement, août 1988
En 1988, François Mitterrand l’invite à Paris pour commémorer le 40ème anniversaire de la déclaration universelle des Droits de l’Homme.
40ème anniversaire de la déclaration universelle des Droits de l’Homme, 1988
L’exemple polonais inspirera les mouvements contestataires des autres pays du bloc soviétique qui aboutiront en novembre 1989 à la chute du mur de Berlin.
Implosion à l’est, novembre 1989
Du syndicalisme à la présidence
Populaire et emblématique, Lech Wałęsa brigue la présidence de la République de Pologne lors des premières élections libres de 1990. Il remporte facilement l’élection avec près de 75 % des voix.
Victoire de Lech Walesa à la présidentielle de 1990
Son investiture se déroule le 22 décembre 1990 et souffle un vent de démocratie en Pologne.
Première journée du président Walesa, 10 décembre 1990
Au cours de son mandat, les Polonais lui reprochent un trop grand conservatisme moral, amplifié par l’influence marquée de l’église catholique dans la vie politique.
Campagne présidentielle polonaise, la chute d'une idole, 1995
Ses anciens soutiens syndicaux, comme Bronislaw Geremek, s’éloignent de lui et critiquent sa politique économique trop libérale. "Walesa dit souvent des choses inacceptables mais ils ne les réalisent pas heureusement". L’instabilité gouvernementale freine les réformes.
Elections 95, critique de Geremek
Malgré ce bilan mitigé, Lech Walesa brigue un nouveau mandat. Il est battu par Aleksander Kwaśniewski, ancien ministre communiste, qui obtient près de 52% des voix au second tour.
Soirée électorale en Pologne, 20 novembre 1995
Il retourne à l'usine...
Walesa, retour au turbin en limousine
En 2000, il réitère sa candidature. L’échec est cuisant, il n’obtient que 1,01% des voix. Après cette défaite, il annonce son retrait définitif du monde politique et syndicale.
Walesa refuse de participer au 30e anniversaire de Solidarnosc, 2010
L'homme jouit cependant encore d'un grand prestige dans son pays natal et dans le monde entier. En 2012, Andrzej Wajda réalise un film sur lui « Walesa: un homme d'espoir » qui sort en 2013.