Une rivalité entre rappeurs qui dérape. Des coups qui pleuvent, des bouteilles de parfum qui volent... Début août, Booba et Kaaris s'étaient retrouvés en plein milieu de l'aéroport d'Orly pour se battre. Après trois semaines de détention provisoire, ils ont été libérés en appel fin août, en attendant leur procès ce jeudi. Cette violence entre rivaux dans le milieu de la musique, et particulièrement du rap est monnaie courante, en France mais aussi aux Etats-Unis.
Le milieu des années 1980 désigne l'âge d'or du rap tandis que les années 1990 voient l’émergence de nombreux talents américains comme Dr.Dre, Ice Cube, Easy-E ou encore 2Pac, qui sera assassiné en 1996. Le rap de l'ouest et de l'est se livrent une véritable bataille médiatique. La plus grande rivalité reste celle entre 2Pac et Notorious B.I.G. Les deux rappeurs seront assassinés à un an d'intervalle.
Des chansons violentes, censées dénoncer une société impitoyable.
En 1996, dans un reportage de France 2, le rappeur américain Ice T évoquait la violence du rap : "Le rap, c'est pas de la pop. La pop, c'est soyez heureux, la vie est super, des éléphants roses et des ballons. Mais la vie n'est pas comme ça". Mais il y a aussi ceux qui dénoncent cette violence en organisant des manifestations. Ce manifestant prône une solution plus pacifique : "Cela devrait être un appel pour la police et les politiciens pour qu'ils changent leur façon de faire." Même le président de l'époque Bill Clinton s'invite dans la polémique en signalant le caractère brutal des chansons. Finalement, ce double assassinat marquera la fin du hip-hop old school aux Etats-Unis.
En France, les premiers clashs entre rappeurs arrivent au début des années 2000. MC Jean Gab'1 et Rohff en 2004, Nèg'Marrons et Lord Kossity en 2002 ou plus récemment Booba et Rohff en 2014.
En 2014, le rappeur Rohff ainsi qu'une dizaine de personnes frappent le vendeur d'une boutique de Booba. La victime restera plusieurs heures dans le coma tandis que Rohff ne sera incarcéré que pour deux mois de détention préventive. Pourtant, ces deux rappeurs rivaux veulent montrer l'exemple. Rohff explique : "Je vis dans le même monde et la même société que toutes ces personnes qui m'écoutent donc à un moment, ils doivent pouvoir s'identifier à ce que je raconte." Booba surenchérit en parlant de poésie : "A l'école, j'aimais bien la poésie. Quand je lisais un poème, je me projetai."
Mais d'où vient cette compétition entre rappeurs ? Olivier Cachin, spécialiste musical, pense pouvoir apporter quelques éléments de réponse : "Dès les débuts du rap aux Etats-Unis dans les années 1970, il y avait cette notion de compétition entre les artistes qui devaient se faire cette guerre virtuelle sur disque. Ils devaient prouver qu'ils étaient les meilleurs."
Le procès de Booba et Kaaris se tient ce jeudi à Créteil. Ils risquent jusqu'à dix ans de prison.