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Le chlordécone, ce «poison des Antilles» suspecté depuis les années 1990

Le chlordécone, ce «poison des Antilles» suspecté depuis les années 1990

Jeudi 29 janvier, les députés examinent une proposition de loi socialiste pour reconnaître la « responsabilité » de l'État dans le scandale sanitaire lié à l'exposition au chlordécone, un insecticide utilisé massivement à partir des années 70 dans les bananeraies des Antilles. Malgré son interdiction en 1993, de nombreuses années plus tard, il fait encore des ravages.

 

Par la rédaction de l'INA - Publié le 17.09.2019 - Mis à jour le 29.02.2024
Chlordécone : le poison des Antilles - 2021 - 02:20 - vidéo
 

L'ACTU.

Deux juges d'instruction parisiennes avaient prononcé début janvier 2023 un non-lieu dans l'enquête au long cours sur l'empoisonnement des Antilles au chlordécone, pesticide autorisé dans les bananeraies jusqu'en 1993. Jeudi 29 février 2024, les députés examinent une proposition de loi visant à reconnaître la responsabilité de l'État « dans les préjudices sanitaires, écologiques et économiques » provoqués par ce scandale sanitaire majeur.

Le chlordécone est le nom d'un pesticide utilisé en masse entre les années 70 et 90. Longtemps resté sous silence, le dossier avait récemment avancé pour les victimes en Martinique et en Guadeloupe. Le gouvernement français avait lancé le 5 février 2021 un plan de réparation. Un décret publié mercredi 22 décembre 2021 au Journal officiel reconnaissait pourtant le cancer de la prostate comme maladie professionnelle liée à l'exposition à cet insecticide potentiellement cancérigène. C'était une victoire pour les malades qui se battaient depuis une dizaine d'années pour faire reconnaître leur statut de victime.

L'ARCHIVE.

La vidéo en tête d'article revient sur les ravages de ce produit. Le chlordécone était répandu sur les champs pour tuer les charançons, des parasites du bananier. Dans les années 70, il est classé cancérogène possible par l’OMS. Interdit d'utilisation aux États-Unis dès 1976, puis en France métropolitaine en 1990, le chlordécone a cependant encore été utilisé jusqu'en 1993 dans les Antilles françaises. Cinq ans après, il persistait dans les sols et les nappes phréatiques.

En 1998, René Amaury, technicien à la Chambre d'agriculture, était déjà conscient du problème : « Nous savons qu'en ce moment il y a des stockages de molécules au niveau de nos sols, mais aussi, n'ayant pas de labos pouvant mesurer les taux de résidus de pesticides dans pas mal de produits, nous ne savons pas trop à quoi nous nous exposons ».

Alertes sur les conséquences sanitaires

En 2000, le chlordécone est dans le viseur des chercheurs. Il est relevé en quantité très élevée dans l’eau, au point que la pêche est interdite par endroits. Sur l’homme, il pourrait être à l’origine de cancers de la prostate comme l'expliquait le Dr Daniel Vacque : « En Guadeloupe, il y a un problème vraiment particulier sur le cancer de prostate qui montre que nous avons trois à quatre fois plus de cancers de la prostate qu’en métropole et qu’un des facteurs incriminés sera certainement l’intoxication par les pesticides ».

Les spécialistes parlent alors de pesticides, ils soupçonnent un effet cocktail et aucun produit n’est ciblé en particulier. En 2007, en revanche, une étude du professeur Belpomme vise clairement le chlordécone. Il alerte alors sur une « affaire (...) plus grave que le sang contaminé puisque c'est une population entière qu'on a empoisonnée ». Cette annonce fait l’effet d’une bombe, mais l’étude est contestée. Le scandale du chlordécone tombe dans l’oubli avant de refaire surface en 2018, lors d’une visite présidentielle d’Emmanuel Macron aux Antilles. L’État reconnaît alors avoir permis l’usage d’un produit dangereux.

Plus de 90% de la population adulte en Guadeloupe et en Martinique serait contaminée par le chlordécone, selon Santé publique France.

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