Etienne Mougeotte, mort jeudi 7 octobre à 81 ans, a mené une carrière d'exception dans la presse écrite et l'audiovisuel français. Dans l'archive en tête de cet article, on le retrouve aux cotés de Jean-Pierre Elkabbach le 10 mai 1981. Tous deux co-animaient la soirée de l'élection de François Mitterrand. Le décompte des secondes avant l'apparition du nouveau président, c'est lui. Dès le visage de Mitterrand sur les écrans, c'est le silence dans le studio, puis Etienne Mougeotte répète : «Notre estimation C2i Honeywell-bull est de 51,7%».
Homme de presse, de radio et de télévision, Etienne Mougeotte était décrit comme sensible et cultivé par ceux qui l'avaient côtoyé. Vice-président de TF1 pendant près de vingt ans, il expliquait "dissocier (ses) goûts personnels des exigences du support pour lequel (il) travaille". "J'adore l'opéra mais jamais je n'en mettrai sur TF1 à 20h30".
"Malin" ou "filou", les journalistes du Figaro, dont il avait dirigé les rédactions de 2007 à 2012, reconnaissaient son professionnalisme, mais son engagement trop visible en faveur de Nicolas Sarkozy avait fait des vagues. Lors de la dernière campagne, à coup de titres anti-Hollande, la une du Figaro était devenue une "caricature", a estimé un journaliste. "On n'est pas là pour emmerder Sarkozy, ceux qui sont pas contents peuvent aller travailler ailleurs", rétorquait sans détour Mougeotte, de sa voix rocailleuse, séquelle d'un cancer de la gorge. Il quittera le journal un samedi. Son successeur Aléxis Brézet a salué jeudi soir un "journaliste absolu".
Après Sciences Po Paris, il avair débuté sa carrière en 1965 à Paris Normandie avant de rejoindre France Inter comme reporter, puis correspondant à Beyrouth. Il passe chez Europe 1 en 1968 avant d'aller à la télévision, alors la Première chaîne de l'ORTF, puis brièvement à RTL, et revient chez Europe 1 en 1973, où il est rédacteur en chef puis directeur de l'information.
Le goût du grand public
Arrive l'élection de François Mitterrand en 1981, Jean-Luc Lagardère lui confie alors la direction du Journal du Dimanche. Trois ans plus tard, toujours chez Lagardère, il dirigera Télé 7 Jours. Il se familiarise alors avec les grilles de programmes et les goûts du grand public, un enseignement qu'il mettra ensuite à profit chez TF1.
En 1987, il épaule Jean-Luc Lagardère, candidat malheureux à la privatisation de TF1. Francis Bouygues l'emportera et embauchera Mougeotte comme directeur d'antenne. Le tandem formé par Etienne Mougeotte/Patrick Le Lay, PDG de la chaîne, dissemblables mais complémentaires, transforme TF1 en véritable machine à audience. La chaîne s'installe rapidement comme leader de la télévision en France et en Europe.
Parti de TF1 peu après l'arrivée à sa tête de Nonce Paolini, successeur de Patrick Le Lay, il avait dirigé Radio Classique de 2012 jusqu'en mars 2018. Il était également président depuis 2015 du groupe de presse Valmonde, propriétaire de l'hebdomadaire Valeurs actuelles.
Pour les créateurs de contenus
Les équipes de mediaclip, une offre de l'INA pour les pros, ont sélectionné cette archive d'Etienne Mougeotte quand il expliquait l'importance de la place de la publicité à la télévision et ce dossier spécial.