L'ACTU
Plus de 40% des jeunes n'ont pas voté au premier tour de l'élection présidentielle, marquant leur désintérêt vis-à-vis de la politique. En 2017, ils étaient environ 30%, soit dix points de moins à avoir boudé les urnes.
Le vote des jeunes générations est au centre des préoccupations politiques depuis des décennies. En 2007, quelques mois avant la fin de la mandature Chirac, le gouvernement avait mis en place une cérémonie citoyenne pour sensibiliser les primo-votants aux enjeux de l'élection comme outil démocratique.
Depuis 1997, les jeunes étaient automatiquement inscrits sur les listes électorales à partir des listes fournies par l’Insee. Mais par un décret de février 2007 émanant du ministère de l'Intérieur, les maires étaient désormais chargés d'organiser des cérémonies de citoyenneté à l'occasion de la remise de la carte électorale aux jeunes électeurs âgés de 18 ans. Le discours du maire (ou un de ses adjoints) devait rappeler les principes fondamentaux de la République, de la démocratie et du système politique. La cérémonie s'achevant par la remise de la carte d’électeur et d'un livret du citoyen.
LES ARCHIVES
L'une des premières cérémonies de ce type s'est déroulée le 31 mars 2007 dans la commune de Breteville l'Orgueilleuse dans le Calvados. L'archive en tête d'article a été filmée lors de cette première célébration, à quelques mois de l'élection présidentielle, où les jeunes majeurs allaient gonfler les listes électorales de 12 %.
L'émotion et la fierté semblaient au rendez-vous lors de ce cérémonial citoyen. Devant les caméras, le maire ému et heureux, prononçait un discours aux 35 jeunes (sur 52 éligibles) présents pour récupérer le précieux sésame. Dans la salle, les primo-votants semblaient convaincus de l'intérêt du vote. Un jeune garçon décrivait l’importance de cette carte qui lui permettrait de s’exprimer. Il expliquait être conscient d'être privilégié, reconnaissant que tout le monde « n’avait pas cette chance » et affirmait qu'il fallait « saisir cette chance et respecter ses devoirs ».
Cette cérémonie, à l'image d'un rite de passage, donnait l’occasion de devenir officiellement un citoyen responsable. Certains ne semblaient pas dupes de l'objectif de la démarche : « on vient nous chercher un petit peu pour nous pousser à voter ».
Même enthousiasme apparent en Banlieue, avec un sentiment d'intégration supplémentaire. 150 jeunes de tous justes 18 ans étaient venus chercher leur carte d’électeurs à la mairie de Rosny Sous-Bois. L'archive ci-dessous présente leur état d'esprit ce jour-là.
Devenir citoyen
Tous avaient à peine 13 ans en 2002, lors du précédent vote opposant Jacques Chirac à Jean-Marie Le Pen, mais aucun n’avait oublié le séisme provoqué par l'arrivée au second tour du chef du Front national. Ce souvenir semblait motiver leur présence ce jour-là. La jeune Assa, par exemple, affirmait vouloir tenter de « changer quelque chose » par rapport à ce qui s’était passé alors.
Les notions d'intégration et de reconnaissance étaient également présentes dans les témoignages, à l'image de cette autre adolescente déclarant : « on est des gens des cités et on veut se faire représenter ». Même réflexion pour Bouabib, qui tout en plaisantant sur le fait qu’il aurait préféré un « permis de conduire » à un « permis citoyen », reconnaissait que sa carte d'électeur lui permettait de se sentir enfin « citoyen » et de prouver ainsi que les jeunes s'intéressaient « à l’avenir » de leur pays.
Cérémonie pour remise de carte électorale à des jeunes
2007 - 02:15 - vidéo
Marseillaise, drapeaux tricolores et petit cours d’éducation civique dispensé par monsieur le maire, à quelques semaines de élection présidentielle, cette célébration réussie donnait du baume au coeur à l'édile. Il était confiant, les jeunes de sa ville iraient voter, quel que soit leur choix, il leur faisait confiance pour animer la démocratie : « c’est eux qui choisiront (...) et après, il y a le secret de l’urne », concluait-il.
En 2022, au premier tour de l'élection présidentielle, les jeunes électeurs ont plébiscité Jean-Luc Mélenchon puisque 34 % des 24-35 ans ont voté pour le leader de La France insoumise.