Critique du Kremlin, en particulier de sa guerre sanglante en Tchétchénie et du dirigeant de cette république Ramzan Kadyrov, la journaliste d'investigation de Novaïa Gazeta Anna Politkovskaïa a été abattue dans sa cage d'escalier le 7 octobre 2006, un assassinat coïncidant avec l'anniversaire du président Vladimir Poutine. Le crime a provoqué des ondes de choc en Russie et à travers le monde. Seuls des exécutants ont été condamnés.
En 2014, cinq hommes ont été reconnus coupables d'avoir organisé, exécuté ou participé à l'assassinat de Politkovskaïa. Ils ont écopé de lourdes peines de prison. Le Tchétchène Lom-Ali Gaïtoukaïev, l'organisateur logistique du crime, est décédé en 2017 en prison. En 2018, la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a condamné la Russie pour ne pas avoir "mis en oeuvre les mesures d'enquête appropriées pour identifier le ou les commanditaires du meurtre".
"Une certaine forme de stalinisme"
En 2002, soit 4 ans avant son assassinat, Thierry Ardisson recevait la journaliste. Elle avait sillonné la Tchétchénie depuis 1991, conflit qu'elle couvrait sur place pour son journal Novaïa Gazeta. Au cours de ses enquêtes, elle a révélé l'existence de camps de concentration. Comme on le voit dans l'archive en tête de cet article, elle était venue raconter dans l'émission "Tout le monde en parle" comment elle avait été choisie le 25 octobre 2002 par un commando tchétchène, qui avait pris 750 spectateurs en otage dans un théâtre de Moscou, pour négocier avec le pouvoir russe. Après avoir discuté pendant 1h30 avec le chef du commando, il était possible, selon elle, de dénouer la crise mais le président russe Vladimir Poutine en a décidé autrement en ordonnant de donner l'assaut du théâtre. Du gaz extrêmement toxique sera utilisé ce qui provoquera la mort des membres du commando mais aussi de nombreuses personnes retenues. Elle dénonçait une "certaine forme de stalinisme ou de néo soviétisme (...) ce qui est important pour nous c'est de montrer que nous sommes une grande puissance, que nous n'allons pas nous agenouiller devant qui que ce soit".
Cette prise de parole d'Anne Politkovskaïa à la télévision française était l'une de ses rares interventions dans les médias français.
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