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«L’écume des jours» de Boris Vian, une oeuvre difficile à adapter au cinéma

«L’écume des jours» de Boris Vian, une oeuvre difficile à adapter au cinéma

Il y a 75 ans paraissait l'une des oeuvres les plus atypiques de Boris Vian, « L'Ecume des jours ». A sa sortie, ce conte a été boudé du public.  Devenue une œuvre majeure des années plus tard, elle a depuis été adaptée plusieurs fois au cinéma, suscitant souvent des critiques.

 

Par Florence Dartois - Publié le 18.03.2022 - Mis à jour le 18.03.2022
 

Le 20 mars 1947, Boris Vian faisait paraître un ouvrage tout à fait original. Rédigé rapidement entre mars et mai 1946, le texte est dédié à son épouse d'alors, Michelle. Boris Vian, enfant d'une famille bourgeoise possède tous les talents : ingénieur, musicien de jazz, auteur, poète, peintre, acteur, cinéaste, il rêve d'une reconnaissance d'écrivain. C'est pour concrétiser cette ambition que Boris Vian présente L'Ecume des jours au prix de la Pléiade en juin 1946. Il ne l'obtiendra pas.

Ce roman onirique ne va pas trouver son public, en tout cas pas à cette époque. Il raconte l’histoire de Colin, un jeune homme rêveur et plein de vie qui tombe éperdument amoureux de Chloé, une jeune femme malade d’un nénuphar dans le poumon. Colin va tout faire pour la guérir. Le roman plonge le lecteur dans l’ambiance romanesque d’un amour passionné, à l'issue fatale. Les personnages évoluent dans des décors fantasmagoriques et baignent dans une atmosphère jazzy qui n’est pas sans rappeler le Saint-Germain-des-Près d’après guerre où Boris Vian aimait trimbaler sa trompette de cave en cave.

L'Écume des jours ne sera véritablement reconnu qu'à la fin des années 1960, grâce à sa réédition dans la collection 10/18, avant de devenir un classique de la littérature dans les décennies suivantes. Cette oeuvre complexe, souvent jugée inadaptable, l'a pourtant été, au cinéma et au théâtre, à plusieurs reprises. Le premier à se lancer dans l'aventure fut le jeune réalisateur Charles Belmont.

L'archive en tête d'article est un reportage réalisé au moment du tournage en juin 1967. Jacques Perrin incarne le personnage de Colin. A ses côtés, Marie-France Pisier, Alexandra Stewart et Sami Frey, complètent la distribution. Dans l'une des scènes apparaît le mystérieux « pianocktail » imaginé par l'auteur.

Une adaptation critiquée

L'adaptation du livre au cinéma est un véritable pari que n'a pas eu peur de relever Charles Belmont, acteur devenu cinéaste. A l'époque, à l'annonce du tournage, on parle de « sacrilège », de « trahison ». Le jeune homme n'abandonne pas et se lance dans l'adaptation de ce que Raymond Queneau avait qualifié de « plus poignant des romans d'amour contemporains ».

L'archive ci-dessous date elle aussi de juin 1967. Le 13 heures s'était rendu dans l'Oise pour assister au tournage de la scène du mariage des deux héros principaux : Colin (Jacques Perrin) et Chloé (Annie Buron). Une scène importante où apparaissaient les six personnages de ce « chassé-croisé d'amour et d'humour ». Au cours de ce long reportage Marie France Pisier, Samy Frey, Alexandra Stewart, Annie Buron, Bernard Fresson et Jacques Perrin évoquent successivement leurs rôles respectifs.

Tournage de "L'écume des jours"
1967 - 04:44 - vidéo

A la sortie du film, en mars 1968, Jacques Perrin, son acteur principal, le défendait et en profitait pour évoquer la symbolique du livre et la difficulté d'une telle adaptation.

Tout comme le livre avant lui, le film recevra un accueil mitigé de la part du public. Le 25 mars 1968 à la sortie des salles, un reporter radio interroge les spectateurs.

« C'est joli », « c'est aussi poétique mais c'est moins profond », « Ce n'est pas à la portée de tout le monde », « C'est un peu bizarre, c'est irrationnel parfois », « C'est une déception. Le livre est merveilleux, le film intéressant... mais on ne retrouve pas l'atmosphère vraiment extraordinaire qu'il y a dans le livre », « J'ai beaucoup aimé le livre et j'aime beaucoup le film »

Même réserve du côté de la critique. Dans l'extrait radio de l'émission « Le masque et la plume » qui suit, le film est critiqué sur le fait qu'il était de toute façon inadaptable à l'écran et qu'il s'adressait à des initiés et amateurs de Vian. Seul le travail du décorateur qualifié de « remarquable » trouvait grâce aux yeux des trois intervenants. Deux personnes cinéphiles présentes dans la salle s'exprimaient aussi sur le film, l'une négativement, l'autre positivement. L'univers de Boris Vian ne laissait toujours pas indifférent.

L’écume des Jours par Michel Gondry

Il faudra attendre 2013 pour redécouvrir l'univers merveilleux de Vian sur grand écran. Cette fois le défi est relevé par le très inventif Michel Gondry qui se lance à son tour dans l'adaptation du roman. L'univers fantaisiste de l'écrivain semble coller parfaitement à celui du réalisateur de La Science des rêves, dont l’imagination débordante constitue l’essence même de sa filmographie. Le cinéaste a fait appel à Romain Duris pour le rôle de Colin et à Audrey Tautou pour celui de Chloé. Les deux acteurs se sont déjà donnés la répliques dans L'Auberge espagnole de Cédric Klapisch. On retrouve aussi Omar Sy dans le personnage de Nicolas.

Cinéma : l'écume des jours
2013 - 01:59 - vidéo

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