L'ANNIVERSAIRE.
« Les camps étaient essaimés sur toute l’étendue de l’Union Soviétique et formaient de petits îlots (...) Et ces îlots dans leur multitudes composent l’Archipel. » Fin décembre 1973 : YMCA-Press, la maison d’édition des dissidents russes à Paris, publie L’Archipel du goulag de Soljenitsyne. C’est un réquisitoire dur contre le système concentrationnaire, que le prix Nobel 1970 a d’ailleurs connu. Soljenitsyne dénonce l’enfer du Stalinisme et les camps d’internement où des millions de Russes ont perdu la vie entre 1918 et 1956.
LES ARCHIVES.
Le montage d'archives disponible en tête d'article revient sur cette sortie retentissante. En URSS, le KGB avait réussi à mettre la main sur une version du manuscrit pour l'empêcher de paraître. Et après des péripéties dignes d’un roman d’espionnage, le livre de Soljenitsyne traversa quand même le rideau de fer en secret afin d’être édité en France. Ce livre, publié dà Paris en langue russe, a l’effet d’une bombe à l’international. En France, rappelons qu’une partie des intellectuels de gauche soutient alors l’URSS. Le Parti Communiste tente lui de discréditer Soljenitsyne et parle de « campagne anti-soviétique ».
En juin 1974 sort la traduction française de L’Archipel du goulag. Sur le plateau de Bernard Pivot, les polémiques sont vives entre Nikita Struve, éditeur Ymca Press qui défend l'oeuvre, de Francis Cohen, ancien correspondant de L’Humanité à Moscou qui conteste les chiffres et du philosophe André Glucksmann qui lui rétorquera : « En tout cas vous vous êtes bien débrouillés pour que personne ne puisse les prouver ! »
Expulsé de Russie en février 1974, Soljenitsyne, qui va vivre 20 ans d’exil en Suisse et aux États-Unis, s’exprimera en France à maintes reprises. Le voici dans l’émission Apostrophes en 1975 et l’année suivante dans « Les Dossiers de l’écran » : « Il y a eu des procès où des hommes publics, des hommes de partis occidentaux juraient sur la foi du serment qu’il n’y avait pas de camps de concentration en URSS. »
Des émissions passées à la postérité pour un auteur entré dans l’Histoire. L’Archipel du goulag s’est vendu à plus de 10 millions d’exemplaires, traduit dans une trentaine de langues.