19 juin 1953, prison de Sing Sing, état de New York : « un homme, puis une femme, sa femme, se succèdent sur la chaise électrique. Trois décharges sont nécessaires pour le premier, cinq pour la seconde. C’est l’épilogue tragique de l’affaire Julius et Ethel Rosenberg »…
Les époux Rosenberg sont arrêtés pour espionnage au profit de l'URSS au cours de l'été 1950. Leur procès est rapidement mené, et ils sont jugés coupables le 5 avril 1951. L'annonce du verdict, prononcée par le juge Kaufman, qui condamne les époux à la peine de mort, stupéfie le monde. Dès lors, un vaste mouvement de soutien à leur encontre se met en place, comprenant des appels à la clémence d'Albert Einstein, de Jean-Paul Sartre, même du Pape Pie XII...
Si « l'affaire Rosenberg » déchaîne autant les passions, aux Etats-Unis et dans le monde, c'est parce que l'Amérique est en pleine « chasse aux sorcières ». L'anticommunisme suscité par le sénateur républicain Joseph McCarthy, est à son apogée. La guerre froide cristallise les tensions entre admirateurs de l'URSS et partisans du « monde libre ». Dès lors, le procès des époux Rosenberg est considéré par de nombreux commentateurs de l'époque comme un procès politique.
Les époux Rosenberg demeurent les seules personnes accusées d'espionnage à avoir été exécutées dans le monde occidental depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Durant les décennies qui ont suivi, les défenseurs des Rosenberg militeront pour la révision du procès. En 1975, l'un de leurs fils, Michael Rosenberg, était en France pour parler du livre qu'il avait coécrit avec son frère Robert, Nous sommes vos fils. Un livre à travers lequel les deux frères demandaient l'ouverture des archives, censées mettre la lumière sur « l'affaire » pour innocenter leurs parents.
Mais qu'en est-il de la question de fond, à savoir leur culpabilité ? Malgré l'horreur de la sentence de mort, Julius et Ethel Rosenberg étaient ils de véritables espions ? Longtemps, le doute a plané sur leur culpabilité.
Au fil des ans cependant, de nombreuses révélations d'agents soviétiques livrées à la chute du Mur, ainsi que la déclassification d'archives par la CIA en 1995, plaident aujourd'hui en faveur de la culpabilité des époux Rosenberg. Les Rosenberg auraient bel et bien été des espions à la solde des Soviétiques, même si les informations livrées ne se révéleront pas capitales. Il n'en demeure pas moins que certains historiens continuent à insister avant tout sur le contexte du maccarthysme pour expliquer que ce couple ait finalement été exécuté, comme un exemple de la fermeté des Etats-Unis dans leur lutte contre le communisme.