Le 16 février 2017, dans le cadre des tensions entre Occident et Russie au sujet de l'Ukraine, avec le conflit du Donbass qui dure depuis déjà près de trois ans [déclenché à l'été 2014, NDLR], ce reportage de France 3 dévoile un pan d'un territoire russe alors relativement méconnu des Européens, l'enclave de Kaliningrad. Un territoire décrit comme un « îlot russe hyper militarisé en plein coeur de l'Europe » d'où proviennent alors «des bruits de botte». Coincée entre la Pologne et la Lituanie, Kaliningrad est le fruit de l'histoire tourmentée du XXe siècle.
Longtemps territoire germanique, patrie du philosophe Emmanuel Kant au XVIIIe siècle, le territoire de Prusse orientale, dont la capitale s'appelle alors Königsberg, devient soviétique en 1945. Ses habitants allemands émigrent en Allemagne, et un million de Russes s'installent dans ce territoire qui est baptisé Kaliningrad, du nom de Mikhaïl Kalinine, collaborateur de Staline et cofondateur du journal La Pravda.
«Il faut être comme Staline, un homme d'acier !»
Le reportage de France 3 indique que « Kaliningrad [se situe] à 21 heures de train de Moscou. Longtemps interdit aux étrangers, ultra-secret, le temps semble s'être arrêté au temps de la guerre froide. Voici un vieux sous-marin russe. Vladimir Poutine aurait déployé ici de nouveaux missiles balistiques pouvant aller jusqu'à Berlin. » Comme très souvent en Russie, le sentiment de beaucoup d'habitants est celui du danger que représente l'OTAN aux frontières. C'est ce qu'exprime Mark Sidorov, un jeune métallo de 19 ans, très favorable au président Poutine : «Ce que je veux vous dire, c'est que c'est l'OTAN qui s'est rapproché vers les frontières de la Russie. Ce n'était pas le projet d'origine.» Pour la mère de ce jeune patriote, Olga Sidorova, « Kaliningrad fait partie de l'Europe quand même. Tout en étant russe. C'est en quelque sorte notre terre commune. Si quelqu'un souffre sur cette terre, on va tous souffrir.»
Le reportage de France 3 se rend ensuite au local du Parti communiste local. A la rencontre d'un nationaliste encore plus sévère vis-à-vis de l'Occident que Vladimir Poutine lui-même. Aux murs, sur les tables, des objets de l'époque soviétique, des portraits de Staline et Lénine. Aux côtés de Sergey Sevostoyanov, le numéro 2 du PC de Kaliningrad, pour qui « l'OTAN a été créée pour lutter contre l'Union soviétique », Piotr Suchorukov, un militant communiste tout juste de retour du Donbass où il a combattu l'armée ukrainienne, s'enflamme : «Que Dieu nous aide, pour que Vladimir Poutine, le président de la Russie, déploie trois fois plus de missiles Iskander à Kaliningrad. Qu'ils n'osent pas, qu'ils ne pensent même pas en Occident à s'emparer de terres russes ! Poutine est un homme trop doux avec l'Europe. Il faut être comme Staline, un homme d'acier !»
A Kaliningrad, il existe tout de même des opposants à la situation. Pour Aleksander Zhidenkov, «on assiste dans l'enclave à une militarisation des esprits. On détourne les habitants de leurs problèmes économiques du quotidien, pour ne leur faire penser qu'aux enjeux géopolitiques avec l'Europe. Et c'est une politique qui fait peur à l'Occident.»