Pierre Sabbagh raconte le premier journal télévisé, qui fut mouvementé

L'ACTU.

Depuis le 9 septembre 2024, le traditionnel journal télévisé de 20h00 de France 2 est allongé pour durer désormais une heure. Jusqu'à présent, le 20h00 durait 35 minutes environ.

LES ARCHIVES.

« Ça a été le premier reportage du premier journal [télévisé] du 29 juin 1949… et ça ne s'est pas très bien passé ! » Pierre Sabbagh, né le 18 juillet 1918 et disparu le 30 septembre 1994, était l'un des pionniers de la télévision, avec trois autres Pierre : Pierre Desgraupes, Pierre Tchernia et Pierre Dumayet.

Le 29 juillet 1949, il participait au premier journal télévisé et réalisait, au péril de sa vie, un reportage incroyable, depuis la nacelle d'un ballon, piloté par l'astronome Audoin Dolfus, de l'observatoire de Meudon. Tout ne s'est pas passé comme prévu et Pierre Sabbagh fait ici le récit pittoresque de ce reportage : « Nous étions quatre à bord, avec Michel Wakhevitch à la caméra, il y avait beaucoup de vent. À 40 km de Paris, il y a eu un courant d'air froid et nous avons été aspirés vers le sol... On a lâché du lest, du sable, un peu trop tard sans doute. C'est alors qu'est apparu dans un champ absolument nu, un pommier ! Il n'y en avait pas deux, il y en avait un ! Naturellement, on y a eu droit… »

Un rien goguenard, il poursuit : «Ce qu'on n'avait pas vu, mais on l'a appris très vite avec les hurlements, c'est qu'il y avait une ligne à haute tension… et alors, on a buté dedans avec le ballon lui-même cette fois… Deux fois. Et il y a eu un arc merveilleux. Quel orage on a déclenché ! Et puis la troisième fois, il y a eu une déchirure dans le ballon, le gaz s'est échappé, une étincelle et il s'est enflammé…»

Voilà comment, en 1964, le cameraman Michel Wakhevitch évoquait à son tour ce moment intense, au cours duquel il ne cessa jamais de filmer. « Le souvenir marquant est le premier reportage avec Pierre qui a failli être le dernier. Un voyage en ballon qui a été très bref : un départ des Invalides et atterrissage sur une ligne à haute tension... Le ballon a explosé ! », expliquait-il comme on le voit dans l'archive ci-dessous.

Les prises de vues depuis le ballon sont époustouflantes. On aperçoit le public aux Invalides tandis que le ballon s'envole, puis la Seine, les baigneurs sur sa rive. Quelques plans montrent la voile se gonfler. On remarque aussi le baromètre dans la nacelle. Alors que le vol devient critique, le cameraman filme des sacs de sable que l'on vide pour délester le ballon. On aperçoit Pierre Sabbagh soufflant dans une corne de brume pour donner l'alerte.

À la fin du reportage, on comprend que la nacelle s'approche dangereusement des arbres et du sol et enfin, vient la collision contre un arbre (le fameux pommier). Heureusement les hommes s'en sortent indemnes.