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1971 : Jean Yanne et sa définition de l'humour et de la dérision

1971 : Jean Yanne et sa définition de l'humour et de la dérision

Il a vingt ans, le 23 mai 2003, Jean Yanne disparaissait. Il aurait eu 90 ans ce 18 juillet. Acteur, écrivain, réalisateur, chanteur, producteur, l'artiste était protéiforme. Il excellait également dans l'humour. Décapant, caustique, tendre, mais jamais désobligeant, il maniait l'art de la dérision avec ferveur et défendait le droit de rire de tout.

Par Florence Dartois - Publié le 22.07.2019 - Mis à jour le 18.07.2023
Jean Yanne à propos de l'humour - 1971 - 04:27 - vidéo
 

L'ANNIVERSAIRE.

Le 23 mai 2003, celui que l'on surnommait « l'enfant terrible » mourait à l'âge de 69 ans. Il aurait eu 90 ans ce 18 juillet. Des années 50 à 80, cet acteur, chansonnier, scénariste, réalisateur a manié l'humour, souvent noir et caustique, avec délectation. Aucune scène, aucun plateau ni aucun média ne lui a échappé.

Après des débuts de journalistes, Jean Yanne s'est rapidement tourné vers le cabaret où pouvait s'exercer son art de la dérision. Viendront ensuite la presse satirique (L'Os à moelle qui sera repris par Pierre Dac), la radio et la télévision. Il l'investit à partir de 1964, avec son complice Jacques Martin (« Un égale trois »), avec qui il « commettra » de nombreux sketchs satiriques. L'émission sera arrêtée après cinq numéros, déplaisant fortement au ministère de l'Information, en particulier son sketch sur Napoléon à la bataille de Waterloo transposée sous forme de course cycliste. Un sketch à découvrir ci-dessous.

Voulant élargir son champ d'action, Jean Yanne s'est naturellement orienté vers le cinéma. Sur grand écran, il a pu faire éclater sans contrainte son talent pour la comédie et l'humour satirique. Il tourna ses premiers films à partir de 1972. Ses longs métrages, à son image, marieront la causticité, l'anticonformisme, la parodie irrévérencieuse (Tout le monde il est beau tout le monde il est gentil, Moi y'en a vouloir des sous, Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ...).

L'ARCHIVE.

On l'a compris, l'humour représentait une part essentielle dans sa vie créative, c'est ce qu'il expliquait lui-même dans l'archive proposée en tête d'article. Interrogé en septembre 1971, Jean Yanne envisageait l'humour comme quelque chose d'indispensable dans son oeuvre, dans sa vie comme dans la société en général.

Dans l'émission « Un rire par jour », l'humoriste expliquait, qu'à ses yeux, chaque situation, même anodine, était prétexte à rire. Le quotidien représentant pour lui un terreau favorable au burlesque. Avec bonne humeur, Jean Yanne décrivait ce qu’il trouvait amusant chez des gens sérieux, citant l'exemple d'un célèbre ministre de la Culture (on aura reconnu André Malraux). Il expliquait ensuite quel type d’histoires drôles le faisait rire, se déclarant amoureux des « bides », « voluptueux » selon lui.

Il évoquait surtout les gaffes, toujours amusantes, même les pires. Il racontait notamment une affreuse, mais « magnifique » gaffe, commise par son épouse... Jean Yanne déplorait que les gens ne tirent pas suffisamment parti de leurs erreurs, ratant ainsi des occasions de rire franchement de la condition humaine.

Peut-on rire de tout ?

Mais le rire est-il compatible avec tous les sujets ? Peut-on rire avec n'importe qui de n'importe quoi ? Une question épineuse sur laquelle le provocateur avait une idée précise. Dans un autre extrait de cette interview, Jean Yanne donnait sa définition du tabou dans l'humour, expliquant comment une plaisanterie pouvait être perçue différemment selon la personne à laquelle on s'adresse.

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