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Jean-Michel Ribes à propos du Rond-Point : un théâtre où «on a envie d’avoir envie»

Jean-Michel Ribes à propos du Rond-Point : un théâtre où «on a envie d’avoir envie»

Jean-Michel Ribes quitte la direction du théâtre du Rond-Point après 20 ans d’une direction éclectique. À son ouverture, il en avait fait un lieu culturel atypique où régnait l'« audace joyeuse ».

Par Florence Dartois - Publié le 30.03.2022 - Mis à jour le 30.12.2022
Dans les coulisses du Théâtre du Rond Point - 2002 - 02:43 - vidéo
 

Le binôme Stéphane Ricordel et Laurence de Magalhaes dirigera le théâtre du Rond-Point à Paris à partir de janvier 2023. Le duo remplace Jean-Michel Ribes qui était à la tête de l'institution depuis 20 ans. Auteur, comédien et metteur en scène, il avait été nommé à la direction du théâtre parisien en 2001, avec une ambition de faire se côtoyer des stars confirmées et des artistes naissants sur des textes d’auteurs célèbres ou de novices.

L’archive en tête d’article nous plonge dans l’atmosphère festive de l’institution, fin décembre 2002, lors de sa réouverture au public, après plusieurs mois de travaux. Dans les coulisses, sur scène, ou au milieu du public Jean-Michel Ribes apparaissait omniprésent.

Avant cette mutation, le Rond-Point avait connu plusieurs destins : patinoire sous Napoléon III, ring de boxe à la Belle Epoque, avant de retrouver sa vocation théâtrale sous l’impulsion de Jean-Louis Barrault après-guerre. C’est d’ailleurs lui qui l'avait baptisé « théâtre du Rond-Point », en raison de la proximité du rond point des Champs-Elysées.

Dans ce lieu culturel, le nouveau directeur avait souhaité conserver cette nature de carrefour et en faire un lieu d’échange festif dédié au théâtre et aux rencontres : un bar, un restaurant, et une librairie - la plus grande de Paris - consacrée aux arts du spectacle complétaient l'offre théâtrale des trois salles de spectacles.

Son théâtre, Jean-Michel Ribes le rêvait accessible à tous : « On a ouvert beaucoup. On a été vers l’audace joyeuse. On a envie que les gens sortent plus contents qu’ils ne sont entrés. On a envie de supprimer le théâtre-punition. On a envie d’avoir envie ».

Un théâtre rénové où les comédiens se sentaient comme chez eux, à l’image des volubiles Luis Régo et Ged Marlon, à l’affiche au moment du reportage. Le spectacle se jouait sur scène et se poursuivait au bar, un lieu où les spectateurs pouvaient engager la conversation avec les artistes sortis de scène.

Cultiver l'envie

Jean-Michel Ribes aimait décrire son théâtre comme « un lieu de vie », mieux « d’envies ». Dans l’interview de 2004, ci-dessous, il précisait ce concept. Son théâtre devrait assouvir cette envie, la nourrir. Un pari déjà réussi, ce qui le réjouissait : « Curieusement, je le vois, ça me dépasse un peu. Les gens aiment rester. Ils restent après le spectacle. Les salles se croisent, les comédiens qui jouent dans des spectacles différents se re-rencontrent. Il y a une " déchapellisation ". Les gens ne sortent pas, ils restent ».

« Les gens sont en vie et ont de l’envie »

Le 2 février 2005, le journal télévisé de France 2 revenait dans le théâtre et retrouvait un Jean-Michel Ribes « homme-orchestre » sur tous les fronts. Il accueillait personnellement les spectateurs, mettait en scène une pièce, aidait les jeunes auteurs.

Réalisant son rêve, il prônait toujours la convivialité : « Moi je fais des pièces pour mes amis, donc j’accueille mes amis. Finalement c’est la même chose. C’est comme un dîner. »

Prise de risque et éclectisme

A l’affiche de la grande salle lors du reportage, la pièce Dieu est un steward de bonne composition d’un auteur inconnu, Yves Ravey, mais servi par une distribution de trois grands comédiens : Claude Brasseur, Michel Aumont et Judith Magre. Un pari audacieux qui avait séduit Claude Brasseur : « J'aime bien le risque, ça fait peur. Mais si je n'ai pas peur, je m'emmerde... »

Avec ce cocktail explosif, le metteur en scène mettait en pratique son credo, celui de « révéler au grand public un auteur tout à fait étonnant d'aujourd'hui », grâce au soutien et au talent d'acteurs confirmés, « je trouve que les grands acteurs, à ce moment-là, font vraiment leur métier ».

Dans la petite salle, l'ambiance était au rire avec Sans ascenseur, une première pièce cocasse de Sébastien Thiery, également épaulé par Jean-Michel Ribes. Une collaboration fructueuse qui rassurait le jeune humoriste : « Il a enlevé les phrases un peu superflues et en a ajouté des un peu plus belles et un peu plus jolies. D’un spectacle de café-théâtre, c’est devenu un spectacle de théâtre », précisait-il.

C’est ça le Rond-Point, un lieu d’accueil pour les auteurs vivants et les talents en devenir.

Le théâtre du Rond-Point
2005 - 02:25 - vidéo

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