Dans cette interview de 1964, Jacques Faizant raconte de manière amusante sa formation et ses débuts chaotiques de dessinateurs. Comment il a d'abord fait l'école hôtelière, puis débuté dans une maison qui faisait des dessins animés… Au bout d'une semaine, on l'a rétrogradé car il ne dessinait pas assez bien pour être animateur… il est redevenu perceur de cellulose et a remonté tous les échelons en cinq ans.
"Ni pettomane, ni kafkaïen"
En 1958, il ouvre les portes de sa maison en réfection à Pierre Tchernia. Il lui raconte que Faizant est son vrai nom. Quant à son caractère, il le qualifie de "Ni pettomane, ni kafkaïen". Sa définition du dessinateur est plutôt insolite : "Pour être dessinateur, il faut un certificat professionnel d'inaptitude à tous les autres métiers. Il faut avoir fait un tas de métier, rencontré un tas de gens et ça aide pour dessiner."
Ils évoquent ensuite son premier dessin qui date de l'Occupation. Mais il n'a pas été payé et son dessin pas publié car le journal avait été interdit….
En 1964, dans cette émission consacrée à sa famille, Jacques Faizant raconte comment il s'est inspiré de ses proches pour créer les personnages de Adam et Eve et Caïn. "On prend ses idées dans sa familles et ses amis et puis il y a les idées éternelles. On exagère les idées comme dans des caricatures."
"C'est quoi un bon dessinateur politique ? Il n'est pas méchant, il faut tomber assez juste avec l'événement et avec l'idée que s'en font les gens"
En 1966, il dessine des dessins politiques quotidiens depuis 7 ans caricature et politique lorsque dans le journal de France Inter, il décrit à Jean-Pierre Elkabbach, comment ses dessins politiques quotidiens s'inspirent de l'actualité. Il évoque ses personnages fétiches et de quelle manière il les dessine : le Général de Gaulle, Georges Pompidou ou Michel Debré au sujet duquel il plaisante : "Je ne veux pas qu'il entre au gouvernement car je n'arrive pas à le dessiner". Quant à Marianne,voilà pourquoi il la dessine "ravissante et désirable."
En 1976, Julien Besançon reçoit Jacques Faizant à l'occasion de la parution de son dernier ouvrage intitulé L’œil à la main. Le dessinateur livre ses secrets de fabrication d'un personnage politique : Pour caricaturer les hommes politiques, il fait appel à son instinct, à son intuition car il ne les fréquente pas personnellement ou très peu... Lorsqu'il les rencontre, il les observe bien, "car hors caméra, ils se dévoilent un peu". Il se sert de la photo et de la télé pour le physique. Au niveau psychologique, leur mine l'inspire. Il raconte une anecdote sur Chaban-Delmas et le rugby…"la mémoire de ces instants peut servir après"
En 2005, lorsqu'il prend sa retraite, les dessinateurs de Charlie Hebdo évoque leur confrère aux antipodes de leur propre pratique. Georges Wolinski déclare : "Je ne parlais jamais de politique avec Faizant, on savait qu'on n'était pas d'accord". Quant à Cabu, il souligue qu'il avait ses têtes de turc. "Il ne pouvait pas voir Badinter. Il était pour la peine de mort. Il avait toutes les tares pour nous."
Pour aller plus loin
Trente millions d'amis : Je croque mon chat. Reportage chez Jacques Faizant, qui présente son chat Tobby dit "Gros gros",un chat de gouttière noir et blanc. (1978)
Le dessin de presse (Article)
Charlie Hebdo, son histoire (Article)
7 octobre 1978 : les débuts du Figaro magazine (Article)
Florence Dartois
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