Le créateur de mode japonais Issey Miyake, qui vient de décéder à l'âge de 84 ans, s'était illustré dans le monde de la mode par son originalité, l'utilisation de matériaux inédits en couture et son utilisation du design pour la conception de ses vêtements. Celui que l’on considérait volontiers comme un artiste à part entière était un grand amoureux de Paris, où il aimait travailler. En 1986, il avait accepté de concevoir des vêtements dans le cadre d'une exposition consacrée à l’art textile de l’Inde, présentée aux Arts Décoratifs, à Paris. Le couturier japonais avait ainsi créé une vingtaine de tenues destinées à mettre en valeur la richesse d’un artisanat millénaire.
Pour l’occasion, le magazine « Aujourd'hui la vie » d’Antenne 2 était allé rencontrer le couturier en pleine préparation de l’exposition. Le reportage en tête d’article, diffusé le 7 janvier 1986, nous fait entrer dans les coulisses de cet événement, au cœur même du processus créatif du maître nippon. Nous le découvrons ainsi travaillant avec ses équipes, concevant les tenues. Du choix des tissus, aux modifications des modèles, jusqu'aux essais des mannequins, c'est tout un parcours qu'il dévoile aux caméras indiscrètes. Ce reportage propose également une interview passionnante de sa vision de la couture.
Le maître expliquait ainsi qu'à ses débuts il avait pensé que le matériau utilisé était plus important que le vêtement, qu’il était à l’origine de la création. Il avait commencé à travailler avec le fil. Désormais, il déclarait utiliser tous les matériaux disponibles, avouant qu’il était passionnant de trouver ces matériaux. Il avouait ainsi qu'il ne s'interdisait rien, tel le papier huilé, l’osier, le bambou, le plastique ou le silicone. Il plaisantait à propos du confort du papier, arguant que l’été il était frais et l’hiver réchauffant.
Une inspiration universelle
Quant à ses sources d’inspiration, il les puisait dans la nature : les pierres, le soleil, les nuages, ajoutant que l’eau faisait naître en lui des idées de tissus et de formes. Créateur international, il se targuait de ne jamais créer un vêtement en fonction d’un pays. Selon lui, les gens ne s’habillaient plus pour afficher leur position sociale mais pour exprimer leur réalité intérieure. Ses vêtements n’étaient pour lui que des propositions, mais les gens devaient rester libres de leur choix. Issey Miyake rappelait aussi son attachement à la capitale française, il l’expliquait ainsi : « Je présente mes créations à Paris en premier lieu, parce que c’est le lieu où les idées jaillissent, où la mode s’élabore ».
A la fin du reportage, il déclarait que bien que les gens le considèrent comme un « artiste », ce n’était pas cela qu’il recherchait, concluant humblement: « Moi je fais des vêtements pour n’importe qui, qui s’intéresse à ce qu’on fait. C’est tout. »
Apporter un nouveau point de vue
En mars 1983, dans « Dimanche Magazine », le couturier évoquait en français ses débuts et décrivait ce qui l'avait poussé à devenir créateur de vêtements
Issey Miyake à propos de ses débuts
1983 - 00:31 - vidéo
Issey Miyake est né le 22 avril 1938 à Hiroshima (Japon). Il avait sept ans, le 6 août 1945, lorsque les Etats-Unis ont largué leur première bombe atomique sur sa ville natale, éradiquant la ville et faisant 140 000 morts. Lui avait survécu, mais sa mère était morte trois ans plus tard des suites des radiations.
Diplômé de l'université des beaux-arts de Tama à Tokyo, il s'était installé à Paris en 1965 et avait étudié à l'école de la Chambre syndicale de la Couture parisienne.
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