Le Festival de Berlin a remis un Ours d’or d’honneur à Isabelle Huppert pour l'ensemble de sa carrière. C’est la comédienne française qui s’exporte le mieux à l’international. Tout au long de son parcours, l'actrice a cumulé prix et récompenses. Le montage en tête de cet article revient sur ce parcours exceptionnel.
En 1976, à seulement 25 ans, elle remporte un Prix d’interprétation à Cannes pour Violette Nozière, sa première collaboration avec le réalisateur Claude Chabrol. Trois ans plus tard, la comédienne est déjà de retour à Cannes pour son deuxième film américain et pas n’importe lequel : La Porte du Paradis, de Michael Cimino. Un rôle de composition pour lequel elle reconnaissait alors avoir dû donner beaucoup de sa personne : « J'étais tenancière de maison close, aussi étrange que ça puisse paraître. Je devais aussi monter à cheval, faire du patin à roulettes, apprendre à danser la valse, tirer au pistolet, conduire une carriole. Enfin, pas tout à fait mon genre, quoi ! »
Au début des années 1980, l’actrice tourne avec la crème du cinéma européen : Joseph Losey, Mauro Bolognini, Marco Ferreri… Cette reconnaissance internationale et unanime ne semblait pas l'inquiéter. En 1982, elle répondait avec aplomb à la journaliste France Roche qui l'interrogeait sur cette question : « J’en ai pas eu tellement, j’en ai eu qu’un. C’est pas beaucoup, j’espère que j’en aurai d’autres ! »
Surprendre et se renouveler
Et cela allait être le cas, six ans plus tard, à la Mostra de Venise cette fois, pour Une affaire de femmes, un film réalisé par son éternel complice Claude Chabrol. Dans les années 2000, Isabelle Huppert allait encore se renouveler, déconstruire son image et s’affranchir des frontières. 2001, première collaboration avec un autre de ses cinéastes fétiches : l’autrichien Michael Haneke. Grâce à son rôle de professeure austère et névrosée dans La Pianiste, elle devenant la première actrice française primée à Cannes lors de deux éditions différentes.
Concernant ce réalisateur, elle déclarait alors : « Avec quelqu'un comme lui, on a la possibilité de véritablement composer un personnage, d’échapper un peu à ce qu’on appelle l’effet miroir, qu’on trouve nécessairement dans son propre pays, où on est toujours. On finit toujours pas se répéter un peu soi- même parce que les gens vous connaissent bien. »
15 ans plus tard, l’actrice gravissait encore un échelon avec Elle de Paul Verhoeven, dans un rôle ambigu : une femme d’affaires violée dans sa villa par un inconnu masqué. Un rôle à l'image de sa vision du métier d'actrice : « Plutôt que d’en faire une tragédie, elle décide d’en faire un événement dont elle peut tirer quelque chose. » Elle décroche le Golden Globe de la meilleure actrice dans ce rôle dramatique. Un fait rarissime pour une comédienne française. Une performance qui bluffera le réalisateur de Basic Instinct lui-même : « C’est une actrice formidable. C’est du niveau que je ne connaissais pas. Je n’ai jamais vu ça. Elle donne des choses au film qui n’étaient pas là. »
Dernière consécration en date en 2020. Le New York Times désigne Isabelle Huppert comme la deuxième meilleure comédienne du 21e siècle, juste derrière Denzel Washington. Du jamais vu.