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L’Institut national de l’audiovisuel : 50 ans au service de la mémoire audiovisuelle

L’Institut national de l’audiovisuel : 50 ans au service de la mémoire audiovisuelle

Depuis le 6 janvier 1975, l’INA œuvre à la conservation et à la diffusion des archives télévisuelles et radiophoniques. En s’adaptant aux innovations technologiques, il ouvre les portes d’un patrimoine audiovisuel français, riche et unique, à un public toujours plus large. Les archives en témoignent.

Par Florence Dartois - Publié le 24.12.2014 - Mis à jour le 03.01.2025
Le premier sigle de l'Ina - 1975 - 01:30 - vidéo
 

ANNIVERSAIRE.

Comme France 2, France 3, Radio France ou RFI, l'Institut national de l'audiovisuel (INA) fête ses 50 ans. Cet établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC) français créé par la loi sur l'audiovisuel du 7 août 1974 a véritablement vu le jour le 6 janvier 1975. Douze président(e)s se sont succédé à la tête de l'Institut depuis sa création. Le dernier en date est Laurent Vallet, il a été nommé en 2015.

SES MISSIONS.

L'INA est dépositaire de plus de 80 ans de programmes radio et 70 ans de télévision. La loi du 7 août 1974 qui a dissous l'ORTF et mis en place les 7 nouvelles sociétés de l’audiovisuel public a confié plusieurs missions à l'INA : l'archivage des archives audiovisuelles incluant la collecte, la conservation et leur diffusion, la recherche et la création audiovisuelle (production), ainsi que la formation des professionnels de l'audiovisuel étendue ultérieurement à l’enseignement supérieur et la formation initiale. Les archives nous racontent cette histoire et l'évolution de ses missions au fil des années.

LES ARCHIVES.

L'archive disponible en tête d'article nous transporte quelques jours après la naissance de l'INA, dans l'atelier de Peter Foldes, dessinateur du service de la recherche de l'ex-ORTF. Il planchait sur un nouveau logo, un « sigle » pour le nouvel Institut de l'audiovisuel, première appellation de l'Institut national de l'audiovisuel. (Retrouvez l'intégrale du documentaire sur les débuts de l'INA à la fin de cet article).

Identité visuelle de l'INA

À quoi ressemblait l'INA dans les années 1990 ?

L'archive ci-dessous de 1989 montre les nouveaux locaux de l'entreprise, désormais regroupés à Bry-sur-Marne (94). Auparavant, elle était dispersée sur 11 sites différents situés dans les emprises de la télé et de la radio. Ce reportage permet également de découvrir les différentes activités de l'INA telles qu'elles étaient organisées au début des années 1990. L'occasion d'apercevoir les étagères où s'accumulaient des milliers de supports films et de bandes magnétiques. Soit « plus d'un million de documents soigneusement répertoriés. Un patrimoine inestimable, conservé, restauré et dans lesquelles les chaînes chaque jour viennent puiser ».

Le sujet évoque aussi le rôle de l'INA comme centre de formation aux métiers de l'audiovisuel. Aujourd'hui encore, chaque jour, 300 étudiants d’INA sup, sa grande école des médias et du numérique, fréquentent l'éco-campus de l'INA et côtoient les 950 employés de l'Institut. Parmi ses autres missions, il y avait de la production et de la recherche.

Il est aussi question de ses activités de recherche sonore à travers la création du Groupe de Recherche Musicale (GRM), recherche également orientée vers la mise au point d'images de synthèse utilisées notamment pour l'industrie française du dessin animé. En 1989, ces « nouvelles images en deux voire trois dimensions » et ce savoir-faire, l'INA les commercialisait pour donner à l'entreprise une image résolument moderne et innovante, vantée par la présidente de l'époque Janine Langlois-Glandier.

Regroupement de l'Ina
1989 - 02:05 - vidéo

« Il y a toutes les raisons de croire que le PAF va s'en sortir et que l'INA, tout naturellement sera un élément de ce développement ». (Janine Langlois-Glandier)

Le dépôt légal de l'audiovisuel

En 1992, la loi du 20 juin étendit le dépôt légal à la télévision et à la radio, et c'est l'INA qui en devint le dépositaire. Cette loi donna naissance en 1995 à l'Inathèque, chargée de la conservation et de la mise à la disposition des archives du dépôt légal aux chercheurs et étudiants. Présentation de l'Inathèque par son directeur, 1994.

Archives Ina : dépôt légal
1994 - 03:13 - vidéo

En 2002, le dépôt légal fut étendu aux chaînes du câble et du satellite, puis en 2005, à la télévision numérique terrestre. Le 1er août 2006, une nouvelle loi introduisit en France le dépôt légal de l'Internet, dont la mise en œuvre fut partagée entre la Bibliothèque nationale de France et l'INA. La collecte des sites par l'INA débuta à titre expérimental en février 2009. Dans l'archive audio ci-dessous, deux ingénieurs présentaient l'archivage du web en 2011.

A propos de l'archivage du Web à l'Ina
2011 - 19:02 - audio

L'offre s'est encore étoffée et en 2024, l'INA captait 184 chaînes de télévision et de radio, chaque jour, 24h sur 24 et 16 069 sites web médias (soit 104 milliards de versions d’url).

La numérisation des fonds

En 1999, l'Institut national de l'audiovisuel a mis en place un plan de sauvegarde et de numérisation (PSN) de ses collections de télévision et de radio anciens, menacés de disparition du fait de l’obsolescence de certains formats et de la dégradation des supports, souvent uniques. Il inclut aussi, dès l’origine, le fonds photo.

Dès 1997, Jean-Pierre Teyssier, le président de l'INA, décrivait les enjeux du numérique qui devait sauver les fonds et permettre de les mettre à disposition d'un public plus nombreux.

Un fonds d'une richesse et d'une variété considérable (feuilletons, téléfilms, documentaires, journaux télévisés et radio, magazines d’actualité, de sport, émissions de divertissement, entretiens, fictions radiophoniques, concerts…) qu'il était urgent de préserver.

Journée du patrimoine Ina
2003 - 02:21 - vidéo

En 2003, à l'occasion des journées du patrimoine, reportage sur le plan de numérisation et de sauvegarde mené par l'INA mené depuis 1999 afin de sauver les archives de la télévision et la radio, menacées par la dégradation de leur support. Interview de Vincent Fromont, technicien de restauration du son, et de Marie-Claire Amblard, directrice des archives de l'INA.

Au début des années 2000, on estimait que la moitié des fonds était menacée, soit plus de 220 000 heures pour la télévision, et 300 000 heures pour la radio. Ces données – déjà colossales – ont ensuite été revues à la hausse. Au total, ce sont quelque 335 000 heures de télévision et près de 500 000 heures de radio qui ont été prises en compte dans le PSN.

2006. Focus sur les coulisses de la numérisation à l'INA, notamment en matière d'archives télévisées. Où l'on apprend la différence entre la sauvegarde et la très onéreuse restauration. Seul 1% du fonds est restauré à l'époque.

Un travail colossal mené par les équipes de l'INA, mais aussi par des prestataires externes et parfois par des détenus de prison. Exemple du travail de restauration des films d'archives confié aux détenues de la prison de Rennes en 2006.

En 2012, le cap du million d'heures numérisées a été franchi. Fin 2016, le volume total des heures sauvegardées dans le cadre du PSN s’élève à 1 396 601 heures. Vingt ans après le début de la numérisation, près de 2,2 millions d'heures de télévision et de radio étaient numérisées.

L'offre grand public : du site au média

La numérisation progressive et systématique des fonds a aussi permis de redécouvrir des émissions oubliées et d'ouvrir un accès direct aux images et aux sons qui jusqu'alors était réservé aux professionnels des médias. Une véritable révolution. Tout d'abord pour les professionnels eux-mêmes, avec le site INA médiapro, dès 2004, puis pour le grand public, avec l'arrivée du site ina.fr, en 2006. L'archive ci-dessous date du lancement en avril 2006.

Ina : 10 000 heures en ligne
2006 - 02:31 - vidéo

À l'époque, 10 000 heures de programmes et 100 000 émissions étaient « disponibles en un clic ». Aujourd'hui, c'est plus de 700 000 heures d'archives qu'héberge le site qui s'est modernisé, donnant la part belle à l'éditorialisation du fonds.

Le rapport d'activité paru fin décembre 2023 précisait qu'« INA.fr est devenu un média de service public qui sur tous les réseaux et supports, donne à comprendre le présent avec les images et les sons du passé, le média de la culture populaire qui ressemble aux Français et les rassemble autour du précieux héritage télévisuel et radiophonique qu’ils ont en partage - où qu’ils habitent, d’où qu’ils viennent, quel que soit leur âge ».

Nouvelles offres, nouveaux publics

En novembre 2019, l’INA a lancé le site Lumni, une plateforme éducative numérique, fruit d’une collaboration entre France Télévisions, l’INA, Radio France, France Médias Monde, TV5 Monde, et Arte, avec le soutien du ministère de l’Éducation nationale et du ministère de la Culture.

Lancement de la plateforme Lumni
2019 - 00:26 - vidéo

En 2020, deux nouvelles plateformes de contenus ont rejoint la galaxie INA : mediaclip pour les professionnels et madelen pour le grand public.

Entretien avec Laurent Vallet
2020 - 07:37 - vidéo

Entretien sur France info, avec Laurent Vallet, président directeur général de l'INA, qui présente madelen, la plateforme SVOD de l'INA lancée le 19 mars 2020 juste avant le confinement.

Les chiffres de fin 2023 traduisent le succès de l'INA : 1,7 milliard de vidéos avaient été vues sur l'ensemble des plateformes et plus de 10 millions d'utilisateurs. Près de 2,5 millions d'heures de programmes numériques accessibles en ligne pour les professionnels.

L'ère de l'IA et de la data

Dernier-né des sites INA, data.ina.fr, un regard différent sur les médias grâce à l'intelligence artificielle. Depuis le 2 octobre 2024, l'Ina a lancé sa nouvelle plateforme, « véritable mine d’or numérique ouvrant les portes de 27 millions d’heures d’archives audiovisuelles françaises captées à partir de 184 chaînes et rendant accessible une immense quantité de données sous la forme de graphiques et de cartes interactives pour décrypter les tendances médiatiques majeures ».

Que de chemin parcouru depuis l'éclatement de l'ORTF en 1974 et sa naissance en 1975. Au fil des décennies l’INA a su évoluer et s'adapter aux nouveaux usages audiovisuels et numériques pour devenir la première ressource au monde de programmes audiovisuels numérisés - 27,5 millions d’heures enrichies de milliards de données qualifiées - et le seul média patrimonial du pays.

«Opération IAV (Ina)», un documentaire sur la naissance de l'INA

1975 : Ce documentaire retrace les premiers jours de l'Ina et décrit ses missions. Il est rythmé par les images du déménagement de l'Institut fraichement créé vers les locaux de Bry sur Marne ou du boulevard Jules Ferry, dans les derniers jours de février 1975.

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