L'ACTU.
Après la tempête Ciaran du 2 novembre, c'est au tour de Domingos d'atteindre la France par l'ouest samedi 4 novembre. Bien que moins puissante que Ciaran, elle amène des pluies et des vents violents sur la côte Atlantique. L'île de Sein pourrait une nouvelle fois devoir affronter les éléments déchaînés. Voilà des conditions météorologiques qui n'auraient pas effrayé les marins d'autrefois qui, tous les dix jours, ravitaillaient les phares de la Vieille, de Tévennec et d'Ar-Men situés en mer d'Iroise. Ces hautes tours de pierre, perdues dans les flots, balisaient les dangereux courants du Raz de Sein pour la Vieille et pour Tévennec et la chaussée de Sein pour le phare d'Ar-Men.
L'ARCHIVE.
Nous avons retrouvé dans nos archives un magnifique reportage en noir et blanc qui raconte le quotidien de ces loups de mers, des aventuriers de l'extrême que rien ne semblait effrayer... pas même la mort. Cette archive a été diffusée le 5 décembre 1965 dans le journal télévisé régional « Bretagne actualités », avec un titre qui en disait long sur son contenu : « Ile de Sein : les Saint-Bernard de la mer ».
Après un aperçu de l'île, de son bourg aux petites ruelles, où résonnait le son des cloches de l'église annonçant la fin de la messe, la caméra s'attardait sur les silhouettes noires des femmes de marins, certes endimanchées, mais souvent veuves. Le reportage entraînait ensuite le téléspectateur en mer. Il y avait bien-sûr les bateaux de pêche qui partaient quel que soit le temps, car il « fallait nourrir l'île », mais ce jour-là, le journaliste Yves Jamin avait embarqué sur la vedette qui partait ravitailler le phare de la Vieille.
Tous les dix jours, on procédait à la relève des gardiens de phare de la Vieille et de l'Ar Men, expliquait le commentaire. Quel que soit le temps, même en pleine tempête comme le montre les images du reportage. Il fallait pour cela emprunter la « terrible chaussée de Sein aux 2 000 récifs, la terrible chaussée aux 2 000 naufrages », déclarait le journaliste avec un ton aussi sombre que le temps gris filmé par les objectifs embarqués.
Le ravitaillement indispensable des phares
Par tous les temps, l'équipage de la vedette « avait à cœur de porter à ces solitaires des phares les vivres pour subsister », ajoutait-il, laissant ensuite le grondement des vagues prendre le pas sur son commentaire. Ce matin-là, Yves Jamin avait filmé l'amarrage à la plateforme dans une mer démontée. On imagine sans peine son calvaire et on le félicite encore pour sa conscience professionnelle. Ayant bien du mal à maintenir sa caméra, il filmait le treuillage du nouveau gardien au sommet de la plateforme qui donnait accès au phare imposant. Le rôle de cet homme indispensable devait être, durant deux semaines, d'éviter aux bateaux de s'échouer sur les dangereux écueils.
De retour au port, le journaliste présentait les visages au teint buriné des « Saint-Bernard de la mer » et décrivait leurs récents exploits, notamment le sauvetage du bateau « Francine M » qui avait permis de sauver 14 naufragés. L'un des marins racontait cet épisode rocambolesque.
« On a conscience ici des périls que vous affrontez »
Avec 207 km/h, c'est à la pointe du Raz qu'ont été relevées les rafales les plus fortes de la tempête Ciaran. Nous vous proposons de découvrir une autre archive impressionnante. En 1962, pour le magazine « Bout du monde », Jean-Claude Thomas, à l'aide d'une caméra embarquée, faisait vivre aux téléspectateurs la navigation de l'extrême des marins sauveteurs par « gros temps » dans la zone de la pointe du Raz. Ces images sont commentées par Max Favalelli et le commandant du bateau de sauvetage où avait été réalisé le film. Le marin avait déjà une centaine de vies sauvées à son actif depuis le début de son activité de sauvetage.
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