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Île de Bréhat : un décor de carte postale où la vie n'est pas toujours facile

Île de Bréhat : un décor de carte postale où la vie n'est pas toujours facile

Depuis le 14 juillet un arrêt municipal vise à limiter le nombre de touristes sur l'île très fréquentée en été. La population locale, estimée à 352 habitants en 2021, ne cesse de diminuer au profit des résidences secondaires. En 1983, FR3 était allé filmer les Bréhatins qui vivaient encore sur place. Dans un décor paradisiaque, la vie quotidienne n'était pas facile tous les jours. Découverte de l'envers du décor.

Par Florence Dartois - Publié le 17.07.2023
Bréhat ou vivre dans une carte postale - 1983 - 27:07 - vidéo
 

L'ACTU.

Le 14 juillet 2023 a été un jour particulier pour l'île de Bréhat, située dans les Côtes-d'Armor. C'était le premier jour de l'application de l'arrêté municipal régulant le flux touristique. Il fixe un quota maximum de passagers pour les compagnies maritimes. À charge pour ces compagnies de réaliser le décompte via une application. La nouvelle règlementation a été diversement appréciée et l'une de ces compagnies a déposé un recours.

En attendant, cette mesure restrictive est prévue jusqu'au vendredi 25 août, tous les jours, sauf le week-end. Ainsi, de 8 h 30 à 14 h 30, seules 4 700 touristes chanceux seront autorisés à accoster sur l'île.

Pas de quota sur ina.fr. Visitez l'île grâce à un joli reportage tourné en 1983 par France Régions 3 Rennes. L'occasion de découvrir la vie quotidienne sur cette île très prisée. À l'époque, le tourisme était déjà au centre des préoccupations.

L'ARCHIVE.

L'île de Bréhat, 3,4 km², est considérée comme un joyau de la nature. La mer, le ciel, la roche de granit rose, se conjuguant pour en faire un petit paradis. Un paradis au milieu de la Manche. En 1983, Bréhat était déjà victime de son succès. Comment vivre dans un paradis lorsqu'il devient un enfer en été ? Malgré l'affluence, ni la beauté, ni la douceur, ni la sérénité des habitants ne semblaient entamées. Pour ces chanceux, Bréhat n'avait rien à voir avec une carte postale, c'était leur décor quotidien, un monde clos où il faisait bon vivre, malgré les contraintes.

Au début des années 1980, les habitants étaient bien conscients de vivre dans un écrin préservé : « Tout est beau ! C'est tout le temps différent... C''est surtout les couchers de soleil qui sont beaux... Tout est beau, marée basse, marée haute... ». L'île bénéficiait en outre d'un climat tempéré : « Il ne fait ni trop beau, ni trop froid », expliquait l'un des locaux.

Sur ce bout de terre, comme aujourd'hui, on se déplaçait à vélo, sauf « le docteur et le garde-champêtre qui avaient droit à un vélomoteur ». « Ici, il faut faire du sport ! À pied ou à vélo », plaisantaient deux habitantes. Quant au médecin privilégié, il appréciait de travailler « dans la nature » et s'extasiait toujours de son bonheur à vivre là.

La solitude l'hiver, les touristes l'été

Seul point sombre : la solitude en hiver. L'une des Bréhatines reconnaissait que le cafard la prenait parfois et que c'était « tellement mort qu'on s'ennuie un petit peu ». Un autre point compliqué était le ravitaillement, il fallait connaître « les heures de marées » pour le résoudre, affirmait un autochtone.

Les pêcheurs, autrefois nombreux, se comptaient désormais sur les « doigts de la main », racontait l'un des hommes de la mer. Ils étaient encore cinq ou six à assurer le ravitaillement en poissons. Le métier avait changé, confiait un autre pêcheur en retraite, nostalgique des petites goélettes avec lesquelles ils « allaient un peu partout », guidés par le phare du Paon. L'homme constatait impuissant l'érosion de la population, « on était à peu près 1500, maintenant, on n'est plus que 400 ! », se lamentait-il, ajoutant « il y a beaucoup de touristes maintenant ».

L’afflux de touristes, concentré sur une courte période durant l'été, posait déjà des problèmes comme l'expliquait l'édile, c'était déjà 4 à 5 000 personnes par jour qui débarquaient au port en période estivale. Mais cette fréquentation n'apportait qu'une activité économique temporaire et le reste de l'année, il n'y avait « pas de travail pour les jeunes », malheureusement obligés de rejoindre le continent : « Les jeunes ne peuvent pas vivre dans l'île », déplorait une habitante, ajoutant qu'ils n'avaient, en outre, pas les moyens d'acheter les maisons de leurs parents. Cet exode commençait tôt, dès la sixième, faute de collège sur place.

Ce reportage un poil nostalgique dépeignait un portrait d'un paradis prisé que les autorités locales tentent aujourd'hui de préserver avec ce quota décrié. C'est peut-être le prix à payer pour profiter sereinement des charmes d'une île qui reste l'une des plus pittoresques des Côtes-d'Armor.

Vivre avec les touristes

1993. Sur l'île de Bréhat, entre les résidents à l'année, les propriétaires de résidences secondaires et les 300 000 touristes annuels, il y a parfois quelques tensions, les intérêts des uns peuvent diverger avec ceux des autres. Si certains habitants acceptent l'agitation de l'été, les propriétaires en vacances souhaiteraient plus de calme et voir l'affluence de touristes diminuer. Un reportage de Roger Gicquel pour le magazine « En flânant ».

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