L'ACTU.
« Les stades sont encore trop porteurs de haine. » Lundi 10 juillet, la ministre chargée de l'Egalité entre les femmes et les hommes, Isabelle Rome présente un plan de lutte contre la haine et les discriminations anti-LGBTQI+. Parmi ses propositions, interdire de stade les auteurs de propos homophobes. Le sport est un domaine où les LGBTIA-phobies sont encore trop présentes.
LES ARCHIVES.
Pratiquer un sport lorsqu'on est homosexuel relève parfois d'une mission difficile, voire impossible, surtout dans les disciplines à connotation « virile », comme le foot ou le rugby. Il y a toujours cette omerta. Omerta dans les douches, les tribunes et les stades. L'image de l'homosexuel est vue comme incompatible avec la virilité supposément sportive. Trop souvent les insultes homophobes font partie du langage commun. Mais toutes les activités sont touchées.
« Tu tires comme un pédé ! »
Cette enquête, diffusée en 2010, est éloquente et les témoignages de Jérôme Chiavasa Szenberg, nageur homosexuel et de Raphaël Demanesse, nageur hétérosexuel au club Paris Aquatique, édifiants. Ce club de natation prône la tolérance et accueille une majorité d'homosexuels qui cherchent ici à pratiquer leur sport sans ostracisme. Luc Perrin-Pelletier, président du club Paris Aquatique affirme cette « volonté d'égalité d'accès à l'activité sportive sans discrimination ».
En 2012, des sportifs homosexuels peuvent s’entraîner en toute transparence et sans discrimination, notamment dans le club «Be yourself Provence», à Bollène. Martial Ait-Braham et son compagnon Christopher Ledrich, membres du club, témoignent de leurs expériences dans ce club et des discriminations subies. Puis, lors d'une réunion de «Paris foot gay», qui rassemble des éducateurs sportifs, Jacques Lize, responsable de formation, explique la démarche de son association.
«On est homosexuel et on n'en parle pas.»
Les mentalités sont difficiles à changer et certains décident courageusement de faire tomber les masques. Peu de sportifs ont osé faire leur « coming-out » et lorsqu'ils le font, ils subissent encore les critiques et les attaques personnelles. Ce fut le cas pour Amélie Mauresmo en 1999.
Dans le foot, en 2009, le premier à avoir assumé son homosexualité s'appelle Yoann Lemaire. Dans son livre-témoignage, Je suis le seul joueur de foot homo, enfin j'étais, il témoigne des insultes, puis progressivement de l'éviction du stade qu'il a subi : « Clairement, ils m'insultaient de tarlouze, de pédé, de tapette, de tantouze… derrière les caméras, dans l'indifférence complète du club. Non, il y a un moment où ce n'est plus possible ! »
«Paris Foot Gay» est un club qui accueille ouvertement les homosexuels. Pascal Brethès, président du club reconnaît qu'il y a des choses à changer dans le football : «On sait très bien qu'il y a des entraîneurs qui dès le très jeune âge disent à leur gamin, tu tires comme un pédé. On est dans les clichés toujours du sous-homme. Il faut vraiment travailler sur la prévention, sur l'éducation. Le répressif est obligatoire, car on ne pourra pas avancer tant qu'il y aura un climat aussi délétère. »
En 2017, pour son tout premier déplacement, la ministre des Sports Laura Flessel rencontre les membres de l'association Le Refuge dans le 12e arrondissement de Paris, dont la vocation est d'offrir un hébergement temporaire et de soutenir les jeunes homosexuels majeurs victimes d'homophobie et de transphobie. Une manière officielle de faire voir que désormais sport doit rimer avec fraternité et non plus discrimination.
Pour aller plus loin
En 1997, dans le cadre de l'Europride, Paris accueillait les Eurogames réservés aux athlètes homosexuels : gays et lesbiennes.
Le ministère des sports lance une campagne contre les discriminations dans le sport, avec un clip dans lequel des sportifs réalisent le plus long coup de sifflet du monde.