Emmanuel Macron démarre mercredi 2 juin dans le Lot un "tour de France" pour "prendre le pouls" des Français. Le chef de l'Etat doit visiter les villages de Saint-Cirq-Lapopie et de Martel dans un département qui représente à ses yeux une "ruralité heureuse". "Dès le début du mois de juin, grâce au retour à une vie aussi normale que possible, je veux reprendre mon bâton de pèlerin et aller dans les territoires pour prendre le pouls du pays, aller au contact", avait-il annoncé à la presse régionale le 29 avril.
Avec ce "pèlerinage", selon l'expression de conseillers cités par l'AFP, Emmanuel Macron tente à nouveau d'établir un dialogue personnel, sans intermédiaire, avec le pays. Une réponse à ceux qui l'accusent d'être déconnecté. Il veut pour cela rencontrer des Français de toutes catégories, des salariés aux chefs d'entreprises, des indépendants aux étudiants, des associations aux élus locaux, selon l'Elysée.
Quasiment mot à mot, cette approche rappelle celle de Valéry Giscard d'Estaing. En avril 1974, alors en campagne pour la présidentielle, le candidat de centre-droit avait prononcé cette phrase qui restera célèbre : "Je voudrais regarder la France au fond des yeux, lui dire mon message et écouter le sien". Quelque jours plus tard, il développait cette idée dans une confession face caméra que l'on retrouve en tête de cet article : "On me fait parfois, je crois, le reproche d'être quelqu'un de froid. Je crois que ce n'est pas vrai, je suis quelqu'un de réservé, comme sans doute d'ailleurs beaucoup d'entre vous. Je suis réservé parce que c'est mon caractère et que je n'aime pas beaucoup rechercher les effets et je n'aime pas en dire trop et parce que tout ce que l'on sent très fortement est difficile à dire. Mais vous savez que les gens réservés ne sentent pas moins que les autres."
Puis il poursuit : "C'est pourquoi, dans cette campagne, j'ai dit que je voulais regarder la France au fond des yeux. Mais je voudrais aussi atteindre son cœur".
Aujourd'hui, c'est Emmanuel Macron qui semble chercher cette posture, tentant de casser une image d'un chef d'Etat éloigné et se posant dans Zadig en "provincial". Mais il reconnaît toutefois être "comme désynchronisé" avec "une vision de la France qui n'est pas celle de [sa] génération". Une autre confession. On croirait du Giscard dans le texte.
Pour aller plus loin :
En 1966, Saint-Cirq-Lapopie pleurait la mort d'André Breton