L'ancien ministre et homme de médias Frédéric Mitterrand est mort le 21 mars 2024 à l'âge de 76 ans. Homme d'image, le neveu de François Mitterrand était aussi écrivain. En 2005, une polémique le rattrapait après la parution de son livre La mauvaise vie dans lequel il fait le récit de ses errances sexuelles et tarifées en Thaïlande et au Maghreb. La polémique l'obligea à se défendre de toute relation avec des mineurs ou d'apologie de la pédocriminalité.
Le 28 mai 2005, dans l'émission «Face à l'image», Frédéric Mitterrand répondait à la question du journaliste : «Pourquoi avoir écrit ce livre aujourd'hui ?». Voici ses réponses : «Précisément par ce que je ne suis pas vraiment serein. Avec les années qui passent, alors que ma vie s'est écoulée, et qu'il ne me reste plus peut-être autant de temps que je pourrais l'espérer pour faire des choses qui m'intéressent. Je n'ai plus envie de me contenter de faux semblants, donc j'ai envie d'être honnête dans tous les domaines».
"Je crois qu'on peut parler de tout, à condition de prendre le lecteur avec soi ..."
Bernard Benyamin souligne qu'il ne cache rien et que certains passages pourraient choque les lecteurs, notamment dans son chapitre sur la Thaïlande. L'auteur répond : «Je tiens à regarder tout à distance et à observer une certaine pudeur. Je crois qu'on peut parler de tout, à condition de prendre le lecteur avec soi et de l'emmener dans des endroits dangereux, des endroits glauques, en lui disant je ne vais pas vous choquer, je vais presque vous protéger. Je vais vous montrer comment c'est. Et puis, je vais vous montrer aussi une chose à laquelle peut-être vous ne pensez pas, c'est que même dans les endroits les pires, il peut y avoir des sentiments, il peut y avoir de la beauté, il peut y avoir des échanges. Il peut se passer quelque chose qui relève de l'humain. Et à cause de ça, il faut avoir une certaine pudeur et trouver dans la manière de raconter les choses un ton qui vous rapproche du lecteur et qui ne le provoque pas, ne le met pas mal à l'aise. Cependant, il faut aussi tout dire».
"Je veux montrer aussi la difficulté que j'ai face à cette horreur..."
Concernant la Thaïlande, le journaliste fait remarquer qu'on est dans un système de sexe et d'argent. L'écrivain répond qu'il ne passe pas sur le plan moral, «même si en fait j'y fais allusion.» Il explique qu'il commence ce passage par une phrase que lui avait dite Delphine Seyrig et qui le poursuit : «Si vous faites l'amour avec quelqu'un et que vous le payez, c'est qu'il y a quelque chose de malade en vous.» Frédéric Mitterrand confie qu'il veut bien «montrer l'horreur, mais je veux montrer aussi la difficulté que j'ai face à cette horreur. Et je pense que c'est en ce sens que ça peut, peut-être servir, à moi et à d'autres gens».