Le premier SMS de l’histoire envoyé en 1992 a été vendu mardi 21 décembre 107 000 euros aux enchères. La vente était organisée par la maison de vente française Aguttes. L’acheteur resté anonyme est désormais le propriétaire exclusif d’une version numérique et unique du protocole de communication original qui a transmis ce SMS.
« Merry Christmas » : voilà le premier SMS de l’histoire envoyé le 3 décembre 1992 par Neil Papworth, un jeune développeur de 22 ans, depuis son ordinateur, à son collègue Richard Jarvis. Ce jeune informaticien est l’un des créateurs du système SMS initialement développé par une entreprise indépendante pour Vodafone. L’envoi de ce SMS était purement expérimental et limité à 160 caractères. Il faudra attendre sept ans, en 1999, pour que la plupart des opérateurs dépasse cette limite et permettent l’envoi des messages sur les mobiles.
En 2001, la France découvrait cette pratique. L’archive que nous vous proposons en tête d’article est un reportage diffusé le 4 avril 2001 dans le journal télévisé Midi 2. Il était consacré à ce boum des « télémessages », notamment chez les jeunes. Le présentateur Gérard Holtz s'essaye lui-même au « textotage » sur son téléphone avant de lancer le reportage sur Fabienne, une jeune étudiante de Saint-Etienne. Amoureuse et accro aux textos, elle passait ses nuits à envoyer des messages à son amoureux : « Ça a un côté excitant d’attendre la réponse de l’autre » déclarait l’étudiante, les yeux rivés sur l’écran de son téléphone. C'était, selon elle, un nouveau moyen de communication qui facilitait les échanges : « J’ai beaucoup plus de facilité à écrire qu’à parler, donc pour moi c’est impeccable. Comme ça, je réfléchis beaucoup plus avant d’écrire. »
Une passion onéreuse
Le commentaire ironisait sur des images montrant l’étudiante dans la rue, les yeux rivés sur son portable : « Tête baissée, Fabienne a foncé dans l’univers des SMS, les télémessages. » Son usage était présenté comme « frénétique» puisque les tourtereaux s’échangeaient une centaine de messages par jour : « Quand on est pris dans une discussion, on ne regarde plus le nombre de messages qu’on écrit ».
Et c’était bien là le problème. La passion des SMS coûtait cher. A l’époque, chaque message envoyé était facturé 1 franc par l’opérateur. Les parents de Fabienne avaient ainsi eu la mauvaise surprise de recevoir une facture salée : « 2000 francs à payer au lieu de 350 ». Sa mère ironisait : « C’est une vraie mitraillette (...) Ça peut être toutes les trois minutes !». Son père ajoutant avec humour : « Ça fait cher le point. »
Une catastrophe pour l'orthographe
Si ces parents prenaient l’affaire avec philosophie, le développement de l’usage des textos inquiétait certains linguistes. Un nouveau langage en phonétique et abrégé venait de naître : « Ne me Kit pa », « Je sui le + bo », « Si tu m’m »…
En fin de reportage, Alain Rey, patron du Petit Robert, donnait son opinion sur cette pratique amenée à se développer chez les jeunes, justement les moins au fait de l’orthographe. Pour lui, cette « facilitation » de communiquer pouvait amener « une difficulté supplémentaire si on n’a pas encore bien maîtrisé l’orthographe ». Il déclarait désabusé que cette « rançon du progrès » pourrait devenir une « prime à l’illettrisme ».
Depuis 2001, les SMS sont devenus courants, même si, fin 2021, ils sont en passe d’être supplantés par les messageries en ligne. En France, le pic du plus grand nombre de SMS envoyés a été atteint en 2015 avec plus de 202 milliards de messages courts.