La chancelière Angela Merkel quitte son mandat après 16 ans au pouvoir. À l'issue de ces élection législatives au résultat serré, elle devrait toutefois rester en poste le temps qu'un gouvernement soit constitué.
Élue chancelière de l'Allemagne en 2005, elle avait en réalité pris les rênes du pourvoir en 2000 en prenant la tête de la CDU, l'union chrétienne démocrate allemande. Une accession sous haute tension dans un parti décimé par des scandales de corruption.
Le 10 avril 2000, le 19-20 de France 3 proposait de découvrir la nouvelle présidente de la CDU. C'est donc une femme qui remplaçait désormais officiellement Helmut Kohl. Lors du Congrès du parti, Angela Merkel faisait son entrée dans la cour des grands. "A 45 ans, elle est l'incarnation d'une nouvelle génération", une nouvelle génération non corrompue. En effet, ce congrès de la CDU validait son élection et clôturait symboliquement une époque de corruption marquée par le scandale des fonds occultes versés au chancelier Helmut Kohl, le contraignant à démissionner de la présidence d'honneur du parti. Cette affaire des caisses noires de la CDU avait aussi emporté Wolfgang Schaeuble, le président sortant du CDU, qui réglait une dernière fois ses comptes à la tribune déclarant que "le temps des intrigants, ceux qui tiraient les ficelles en coulisses est terminé".
Une élection en plein scandale politique
C'est dans cette ambiance délétère que la protégée d'Helmut Kohl prenait les rênes du parti. Dans son discours d'investiture, Angela Merkel rappelait son attachement résolu aux valeurs conservatrices et annonçait sa volonté de recréer "une CDU forte à la conquête du pouvoir".
Le commentaire du sujet précisait que "sous ses airs de garçonne", Angela Merkel était une dame de fer. Fille de pasteur, elle avait grandi en Allemagne de l'Est et avait débuté sa carrière sous l'aile de Kohl. Mais celle que le chancelier appelait affectueusement "la gamine" l'avait lâché au plus fort de la crise des pots de vin. Elle affirmait alors : "L'ère Kohl, c'est fini !" Cette droiture impressionnait, notamment Gregor Gysi, chef de la gauche démocratique. Il soulignait qu'elle avait une "vraie capacité à gérer les crises et les hommes et à démêler les intrigues au sein de la CDU".
Cette femme protestante, issue de la RDA, représentait pour le vieux parti catholique une chance de renouveau, voire de survie. Hans Starke, de l'Institut français des Relations internationales, expliquait qu'elle avait été choisie car "il n'y avait pas d'autres alternatives politiques" et que les militants de la CDU la voulaient. Starke concluait que "madame Merkel sera sans doute la personne la plus capable de rassembler un peu partout, y compris au centre. En Allemagne, les élections se gagnent au centre".
"La "gamine" a tué le père pour voler de ses propres ailes"
Quelques jours avant ce reportage, le 20 mars 2000, le 20 heures de F2 revenait sur le parcours politique de cette femme "Est-Allemande, divorcée, remariée, sans enfants et protestante", tout en soulignant que "ce qui n'est pas écrit c'est qu'elle est dure et courageuse". A 45 ans, elle avait déjà un long parcours politique mené sous l'aile protectrice d'Helmut Kohl, "vice-présidente de la CDU, ministre de la condition féminine, puis ministre de l'environnement à 37 ans". Le sujet soulignait que si elle était sortie de l'ombre, c'était "pour prendre des distances avec son maître à penser Helmut Kohl". Elle prenait donc la tête d'un parti à la dérive qui devait en outre payer une amende de 70 millions de francs. Le reportage s'achevait ainsi : "Angela Merkel ne regardera plus jamais Helmut Kohl avec ses yeux doux. La "gamine" a tué le père pour voler de ses propres ailes."
Angela Merkel nouvelle présidente de la CDU
2000 - 01:18 - vidéo
Après la victoire de la droite aux élections fédérales de 2005, Angela Merkel est investie chancelière fédérale. Elle devient ainsi la première femme à accéder à cette fonction en formant une grande coalition alliant la CDU/CSU avec le Parti social-démocrate (SPD). La vidéo ci-dessous résume sa première visite officielle à l'étranger, le 23 novembre 2005, en l'occurrence à Paris où elle avait rencontré le président Jacques Chirac.
Visite officielle d'Angela Merkel à Paris
2005 - 03:22 - vidéo
Elle sera reconduite à la tête d'un gouvernement CDU/CSU-FDP en 2009, puis d'un nouveau gouvernement de coalition CDU/CSU-SPD en 2013 et 2018. Désignée à quatorze reprises comme femme la plus puissante du monde par le magazine Forbes (de 2006 à 2020, sauf en 2010), la chancelière a marqué la politique de l'Union européenne. Après presque 16 ans de pouvoir, elle a décidé de ne pas se représenter aux élections fédérales de 2021, mettant de fait un terme à sa carrière politique.