Cet accord conclu en juin 2018 avait été approuvé par référendum puis par ratification parlementaire à Skopje. Le vote par la "Vouli", le Parlement grec, est donc la dernière étape permettant la mise en oeuvre de cette décision historique, qui a pour but de mettre fin à plus de 30 ans de tensions entre la Grèce et son voisin du nord.
C’est en effet en 1991 que ce pays peuplé de 2 millions d’habitants, situé au sud de l’Ex Yougoslavie, et peuplé majoritairement de Slaves, obtient son indépendance. Dès lors, une bataille sémantique s’engage entre ce pays et son voisin grec, qui lui refuse le nom de Macédoine, considéré comme partie essentielle du patrimoine culturel et historique de la Grèce antique. Pourquoi ?
Aux yeux de nombreux Grecs, le terme « Macédoine » renvoie avant tout à la glorieuse épopée d’Alexandre le Grand. Sa région natale, l’ancienne Macédoine antique, est aujourd’hui située en Grèce, avec pour ville principale Thessalonique.
Les deux anciens sites archéologiques attestant de cette période, Vergina et Pella, sont également situés sur le territoire grec. Et c’est justement sur le site de Vergina que fut découvert en 1977 le « soleil de Vergina », symbole figurant sur le drapeau de la Macédoine grecque… et qui fut repris en 1991 par la Macédoine slave, jusqu’en 1995, où le pays adopta son drapeau actuel, qui reprend néanmoins de façon plus stylisée et moins évidente, toujours la même symbolique antique.
De nombreux Grecs se sentent ainsi dépossédés d'une identité culturelle qu'ils voient récupérée sur le plan international par la Macédoine slave.
Une opposition qui rappelle celle, déjà, présente en 1992, lorsque des milliers de Grecs défilaient dans les rues d’Athènes en soutien de leur gouvernement qui adoptait alors une position intransigeante sur le sujet. Le gouvernement grec de l’époque usait ainsi de toute son influence au sein des institutions internationales (UE, OTAN, ONU), pour opposer son veto à la reconnaissance officielle du nom de Macédoine.
A la place, l’ONU reconnaissait donc ce pays sous le nom provisoire de ARYM (FYROM en anglais), même si de nombreux pays, notamment occidentaux, finirent par reconnaître le nom de Macédoine.
L’accord conclu entre la Macédoine slave et la Grèce devrait donc mettre fin à près de trois décennies de luttes diplomatiques. La Macédoine du Nord reconnaît le droit à la seule Grèce de revendiquer l’héritage culturel macédonien antique. Et dès lors, la Grèce ne s’oppose plus à l’entrée de son voisin slave au sein de l’Union européenne et de l’Otan.