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Edwige Feuillère, la reine de L'Aigle à deux têtes

Edwige Feuillère, la reine de L'Aigle à deux têtes

Edwige Feuillère nous a quittés le 13 novembre 1998. Actrice de cinéma et de théâtre, elle représenta durant près de 50 ans de carrière, l’élégance, le prestige à la française. En 1946, Jean Cocteau lui offrait le rôle de la reine de "L'Aigle à deux têtes" et faisait s'envoler sa carrière.


Par la rédaction de l'INA - Publié le 12.11.2018 - Mis à jour le 13.11.2018
Interview d'Edwige Feuillère - 1960 - 05:30 - vidéo
 
Edwige Feuillère nous a quittés le 13 novembre 1998. Actrice de cinéma et de théâtre, elle représenta durant près de 50 ans de carrière, l’élégance, le prestige à la française. En 1946, Jean Cocteau lui offrait le rôle de la reine de L'Aigle à deux têtes et faisait s'envoler sa carrière.

L'Aigle à deux têtes est une pièce de théâtre en trois actes, créée le 21 décembre 1946 au théâtre Hébertot à Paris avec Edwige Feuillère dans le rôle de la reine et Jean Marais dans le rôle de Stanislas.

L'intrigue : Veuve encore vierge, la reine reçoit la visite d'un jeune poète anarchiste venu pour la tuer, symbole pour la monarque de la mort qu'elle attend. Alors que plane l'inéluctable et tragique destin, l'assassin s'avère être le sosie du roi autrefois tant aimé. De plus, en dépit de la mission qui lui a été confiée, le poète est incapable de tuer la reine parce que, de loin, il l'a toujours secrètement aimée...

"Elle hait l'étiquette, elle déteste la politique. C'est une reine anarchiste, c'est pour ça qu'elle m'amuse."

Le 4 septembre 1960, bien après sa création, la comédienne évoque son rôle avec emphase, un personnage imaginé autour d'Elisabeth d'Autriche et Louis II de Bavière. "Et avec son génie de poète, il a mélangé ces deux personnages et il en a créé un nouveau qui est un personnage passionnant. Une reine solitaire, d'une grande solitude. Elle est veuve depuis dix ans. Elle hait l'étiquette, elle déteste la politique. C'est une reine anarchiste, c'est pour ça qu'elle m'amuse."

"Jamais on ne se taira mieux au premier acte, jamais on ne pleurera mieux au second acte et jamais on ne tombera mieux d'un escalier qu'à la fin du troisième acte..."

Voilà ce que racontait l'auteur de la pièce lui-même. En 1956, dans l'émission L'Ecole des vedettes, Jean Cocteau évoque les conditions d'écriture de la pièce L'aigle à deux têtes, inspirée par Jean Marais qui joue Stanislas. "La chute dans l'escalier est un symbole dans la vie de Jean Marais. C'est le symbole de sa vie. Physiquement et moralement, il ne réserve jamais à rien. La reine était madame Edwige Feuillère. Je n'en parlerais pas. Elle était vraiment une reine alors que d'habitude nous voyons des reines de Hollywood qui couchent dans des lits avec des plumes d'autruches. C'était une vraie reine et j'espère qu'elle le sera de nouveau."

"Le film pour moi, c'est Christian Bérard, c'était un magicien, il avait un don extraordinaire pour faire naître sous ses doigts des costumes, des décors."

Jean Cocteau avait l'habitude de travailler avec le peintre et illustrateur Christian Bérard pour les costumes et les décors de ses pièces et films. C'était un créateur qui parvenait à rendre tangible les rêves du poète. Le 29 décembre 1956, dans l'émission Gros plan, Edwige Feuillère revient sur ses souvenirs de "L'aigle à deux têtes". Ce fut d'abord une pièce de théâtre qu'elle joua avec Jean Marais, puis un film adapté au cinéma, tous deux mis en scène par Jean Cocteau.

Dans l'émission Gros plan, le 29 décembre 1956, la comédienne raconte de quelle manière Bérard expliqua à une costumière comment réaliser la robe de la reine : "Il a attrapé un store en tulle et il le remontait peu à peu et on voyait très bien les drapés qui formeraient la robe. Et puis un autre jour, sur une feuille de contreplaqué il a fait naître un cône. Ce cône était une montagne, dessus il a posé un extraordinaire château, bavarois ou de Walter Scott, on ne sait pas et il y avait deux lignes en bas qui signifiait que tout ça reposait sur de l'eau, sur un lac, sur un rêve…". Pour la scène de la bibliothèque, il lui avait fait une robe moulante et lui avait dit : "Il ne faut pas qu'entre la robe et la femme on puisse glisser une lame de couteau…"

Pour aller plus loin

Adaptation radiophonique de L'aigle à deux tête dans l'émission radio Recréer en recréant, diffusée le 15 février 1953. Auteur Jean Cocteau. Réalisation Léon Ruth. Avec Edwige Feuillère, Jean Marais, Silvia Monfort... (Premium, audio)

Radioscopie du 25 septembre 1969 (Premium, audio)

Radioscopie du 19 février 1981 (Premium, audio)

En 1973, dans une interview, l'actrice évoquait Jean Cocteau et Christian Bérard. (Audio)

Gros plan du 29 décembre 1956 (vidéo)

Plus de documents vidéo et audio sur Edwige Feuillère (Page personnalité)


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