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Édith Cresson à sa nomination à Matignon : «Ça ne surprend pas les femmes, ça surprend les hommes apparemment»

Édith Cresson à sa nomination à Matignon : «Ça ne surprend pas les femmes, ça surprend les hommes apparemment»

Seule Edith Cresson a tenu les rênes d'un gouvernement. C'était sous François Mitterrand et sa nomination suscitait alors de nombreuses réactions.

 

Par la rédaction de l'INA - Publié le 02.07.2020 - Mis à jour le 16.05.2022
Edith Cresson parle de son statut de femme - 1991 - 02:25 - vidéo
 

Elisabeth Borne a été nommée lundi 16 mai Première ministre.

Une seule femme a été nommée à ce poste avant elle, il s'agit d'Edith Cresson sous la présidence de François Mitterrand, nous étions le 15 mai 1991.

Le lendemain, la nouvelle cheffe du gouvernement accorde sa première interview au journal de 13 Heures d'Antenne 2. Philippe Lefait l'interroge sur son statut de femme et les réactions suscitées par sa nomination. D'emblée, le présentateur lance le sujet de sa féminité, «cette dimension femme est très, très importante dans le rôle de pouvoir que vous avez ? » Edith Cresson s'interroge : «Je ne sais pas. C'est ressenti d'une façon importante parce que c'est nouveau. Bon, les femmes sont des êtres humains doués d'un cerveau. Il ne faudrait quand même pas l'oublier. C'est vrai que je ne vois pas pourquoi il y a une telle surprise. Ça ne surprend pas les femmes, ça surprend les hommes apparemment».

Philippe Lefait l'interroge ensuite sur son sentiment après les réflexions de certains responsables politiques à son égard, «certains, dans l'opposition, ont parlé d'un régime Pompadourien, d'une manière assez inélégante d'ailleurs. On vous a comparé à une favorite. C'est monsieur D'aubert…» «Pfff, oui, c'est extraordinaire ! Oui, monsieur d'Aubert. Deux cents ans après la Révolution française, on vit toujours dans un boudoir. Bon, chez moi, à Châtellerault, où les électeurs votent majoritairement pour moi, à de nombreuses élections, j'imagine que ça doit les surprendre. Je suis peut-être la favorite, mais la favorite de mes électeurs», dit-elle.

Puis elle conclut : «Un dernier mot pour dire que, c'est vrai, je ressens cette tâche comme une grande responsabilité. Que, comme le Président de la République l'a bien souligné hier, nous sommes à une période charnière de l'histoire de notre pays. Nous devons affronter l'entrée dans l'Europe et la construction européenne en position de force. La France doit être plus forte. La France doit être plus solidaire. Et d'ailleurs, les deux marchent de pair. C'est en utilisant toutes les intelligences, toutes les capacités et en particulier celles de la jeunesse, que l'on parviendra à être plus compétitifs, à dégager des marges de manœuvre pour avoir une politique sociale meilleure, à sauvegarder la protection sociale et les retraites, et donc à répondre aux problèmes de l'heure. Je crois qu'il n'y a pas lieu de s'inquiéter outre mesure. Il faut travailler avec patience, avec acharnement et avec l'aide du gouvernement qui est en train de se mettre en place. Je suis persuadée, avec le soutien du Président de la République et je l'espère, d'une majorité de Français, d'y parvenir».

Puis e journaliste la remercie d'avoir choisi Antenne 2 pour sa première intervention, elle répond brièvement : «C'est normal, service public !».

Pour aller plus loin

A2 Le Journal 20H : réactions à l'Assemblée nationale. Suite à la nomination d'Edith Cresson comme Premier ministre, tour d'horizon des réactions des députés. Après un extrait de la déclaration de François Fabius à l'Assemblée nationale, se succèdent les déclarations positives de Jean Auroux et Jean Le Garrec, du PS, François d'Aubert, de l'UDF (qui compare le parcours d'Edith Cresson à celui de la Pompadour), Bernard Pons du RPR ("On verra à l'usage, elle a occupé un certain nombre de postes ministériels ça n'a pas toujours été très glorieux", Pierre Mehaignerie de l'UDC (évoque son "esprit partisan et le sectarisme"), André Lajoinie du PCF ("je ne la sous-estime pas en tant que personne mais l'important c'est la politique qui est menée", et Yvette Roudy du PS ("j'espère qu'il y aura un coup de barre à gauche"). (15 mai 1991)

Le cercle de minuit : Edith Cresson sur le féminisme. Sur le plateau de Laure Adler, Edith Cresson dénonce le statut des femmes dans la vie politique française. Traditionnellement, il est admis que les femmes n'y ont pas leur place. Elles ne doivent pas s'occuper de la "chose publique" et rester dans la sphère du privé. (17 avril 1997)

Le cercle de minuit : Edith Cresson sur sa nomination comme Premier ministre. Sur le plateau de Laure Adler, Edith Cresson réagit sur la diffusion d'un reportage diffusé juste après sa nomination, où l'on interroge son mari, et qui illustre parfaitement les préjugés sur la place des femmes dans la politique. (17 avril 1997)

Le cercle de minuit : Edith Cresson sur les femmes politiques. Sur le plateau de Laure Adler, Edith Cresson explique que certains hommes craignent les femmes en politique. Elle raconte ensuite un mensonge colporté par un journaliste, qui l'avait accusé d'avoir fait bloquer la circulation pour assister à un défilé de Christian Dior auquel elle ne s'était pas rendue. (17 avril 1997)

Le cercle de minuit : Edith Cresson sur les injures. Sur le plateau de Laure Adler, Edith Cresson évoque le rapport de forces entre hommes et femmes en politique. Les femmes subissent des injures sur leur physique, leurs vêtements... soit sur des détails liés à leur personne. Ces injures sexistes doivent être considérées et dénoncées au même titre que le racisme.

Télématin : Les 4 vérités. Edith Cresson sur le sexisme en politique. Edith Cresson parle des difficultés rencontrées lorsqu'elle était Premier ministre. Les hommes politiques, notamment Roland Dumas et Pierre Bérégovoy, l'ont attaqué en bonne et due forme... Elle dénonce les critiques du parti socialiste contre Ségolène Royal. Les accusations dont elle est victime s'adressent toujours aux femmes, et jamais aux hommes. (9 novembre 2006)

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