L'ACTU.
Samedi 27 juillet, douze enfants druzes du plateau de Golan ont été tués dans un tir de roquette envoyé depuis le Liban. Dans cette région stratégique, occupée par Israël depuis 1967 et revendiquée par la Syrie, vivent près de 50 000 personnes, colons israéliens ou membres de la minorité religieuse druze. Cette dernière est la victime collatérale d'une situation géopolitique explosive au Proche-Orient.
Immédiatement après la frappe de samedi, le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, s'est rendu sur place et a assuré que le Hezbollah libanais, soupçonné d'être responsable de la frappe, paierait « le prix fort ». Selon des propos rapportés par France Info, les dirigeants druzes sont opposés à toute riposte : « Nous rejetons le fait de verser ne serait-ce qu'une goutte de sang sous le prétexte de venger nos enfants. »
Les Druzes sont principalement répartis entre le Liban, la Syrie et Israël. Leur religion emprunte à l'islam, mais syncrétise bien d'autres croyances. En Israël, les Druzes sont l'une des minorités non-juives les plus intégrées, ont acquis la nationalité israélienne et une position particulière, effectuent leur service militaire. Au contraire des Druzes du plateau de Golan, qui ont, eux, le cœur syrien. C'est ce qu'ils affirment dans les archives depuis l'annexion de la région.
LES ARCHIVES.
« Les Druzes continuent à résister aux Israéliens malgré l'emprisonnement d'un certain nombre de leurs leaders. » En janvier 1982, moins d'un mois après la loi du 14 décembre 1981 qui permettait à Israël d'annexer officiellement le Golan après quinze années d'occupation, TF1 s'était rendu sur place. Dans cette archive disponible en tête d'article, les Druzes interviewés affirmaient être « arabes et syriens » et refusaient « une carte d'identité qui porterait la mention “nationalité israélienne” ». La plupart d’entre eux préféraient conserver un statut de résident permanent. Une situation qui a perduré depuis puisque qu'aucun des enfants tués en juillet 2024 ne disposaient de la citoyenneté israélienne.
En 1982, la résistance s’organisait. Un dirigeant local affirmait à TF1 la nécessité de défendre leur « terre et l'âme, notre âme ». Pour protester contre l'annexion, les Druzes faisaient fait grève, manifestaient. En retour, plusieurs d'entre eux étaient arrêtés, dont l'interlocuteur des journalistes français.
« Nous ne serons jamais Israéliens »
Alors que les Israéliens s'installaient progressivement sur le plateau du Golan, en 1991, la télévision française se rendait de nouveau sur le territoire. De nouveau, les Druzes rencontrés par les journalistes de la Cinq affirmaient : « Nous ne serons jamais Israéliens. Nous sommes et nous serons toujours Syriens. » L'un d'entre eux, comme on l'entend dans l'archive ci-dessous, poursuivait : « Et même si nous ne possédons plus de passeports syriens, nous nous sentons profondément Syriens et nous n'accepterons jamais la citoyenneté israélienne. Nous voulons par tous les moyens revenir sous autorité syrienne. La Syrie est notre pays. »
Le Golan
1991 - 08:10 - vidéo
Ce jeune druze expliquait la situation de sa communauté : « Je ne peux même pas sortir du pays, car je n'ai aucun papier d'identité. Si j'étais côté syrien, alors là, tout serait différent. Je pourrais me rendre dans les pays du Golfe, gagner de l'argent, réussir ma vie. » Il dénonçait la présence de nouveaux immigrants israéliens, arrivés « de partout, de France, d'URSS, du Canada, des États-Unis ». Et affirmait : « Cette terre nous appartient à nous les Arabes et les Israéliens n'ont aucun droit sur le Golan. »
La suite du reportage montrait le point de vue de colons, attachés à ce territoire sur lequel leurs enfants étaient nés. D'autres se disaient néanmoins prêts à abandonner le Golan pour gagner la paix.
Depuis le début de la guerre en Syrie en 2011, l'opposition druze s'est un peu tarie, mais pas l'attachement à leur terre.