L'ACTU.
Trois associations ont annoncé mercredi 1er mars attaquer en justice l'État pour faire respecter le Code l'éducation qui prévoit que soient dispensés trois cours d'éducation sexuelle par an dans les écoles, les collèges et les lycées.
SOS Homophobie, Sidaction et le Planning familial souhaitent mettre l'État devant ses responsabilités, rappelant l'augmentation des violences sexuelles entre 2020 et 2021 et soulignant une dégradation des connaissances des jeunes sur le VIH.
LES ARCHIVES.
« Faudra-t-il voir un gynécologue après avoir fait l'amour ? », « J'ai des érections en classe. Ça me gêne. » Dans les années 1990, les adolescents pouvaient faire part de toutes leurs interrogations autour la sexualité au « docteur Giga », dans l'émission qui leur était dédiée, « Giga ». Diffusée sur France 2 à partir de 1993, la séquence co-présentée par Manuel Gélin, faisait intervenir le pédiatre Thierry Joly, dans un décor décontracté de cafétéria.
Dans un premier extrait de l'émission en tête d'article, Kelly, 13 ans, appelait, un peu gênée, avec une question santé : « Faudra-t-il voir un gynécologue après avoir fait l'amour ? » Le pédiatre tentait de bien comprendre sa demande : « Tu veux dire la première fois ? » Réponse affirmative de la jeune fille. Le médecin répondait avec clarté et douceur : « Je trouve que ce serait tout à fait souhaitable, effectivement. Si on sait que l'on va avoir prochainement ses premiers rapports, ce n'est peut-être pas une mauvaise chose de faire le point avant avec un gynécologue. Maintenant, ça ne se prévoit pas toujours de façon aussi stricte, donc à ce moment-là, il est bien de voir un gynécologue pour faire le point. Tu en profiteras pour poser les questions qui te paraîtront intéressantes. » Réponse qui semblait convaincre Kelly. Elle était remerciée, « Bon, bisous, à bientôt, au-revoir ! »
Questions de sexualité et questions personnelles
Second extrait, autre question. Cette fois-ci c'était Valérie, 22 ans et inquiète avant un premier rapport. « J'ai un petit souci, j'ai eu plusieurs petits amis, mais je n'ai jamais voulu avoir de relation sexuelle avec eux. Je suis avec quelqu'un depuis quelques semaines et, bon, j'ai envie, cette fois-ci, de franchir le pas. J'appréhende un petit peu le premier rapport et je ne sais pas trop si je dois lui dire ou pas que c'est la première fois. »
La communication était nécessaire pour Thierry Joly, qui apportait un premier argument, qui parait aujourd'hui un peu daté : « Je crois que le fait de dire "j'ai 22 ans et je n'ai jamais eu de rapport et c'est avec toi que j'ai choisi d'avoir le premier", c'est un cadeau, un don, qui mérite que tu le soulignes. »
Docteur Giga : la "première fois"
1993 - 01:49 - vidéo
Mais surtout, il préconisait la communication à la jeune fille, afin qu'elle se sente le plus à l'aise possible. « Si c'est la première fois et que tu appréhendes un petit peu, (...) peut être que de lui dire, il va être plus attentif, plus patient, sûrement plus doux et puis, que ça se passera beaucoup mieux pour tous les deux. Je crois que c'est très important que tu le lui dises. »
Rappel essentiel, le pédiatre terminait par des recommandations sur la protection pendant le rapport : « Et cela vas sans dire, le préservatif, indispensable, hein. Fondamental. »
« On est entre nous, vas y vas y ne te gêne pas ! »
« Je m'appelle Fernando. » Un troisième appel. Au bout du fil, un jeune homme de 13 ans n'osait pas poser sa question. Manuel Gélin, le présentateur l'encourageait : « On est entre nous, vas y vas y ne te gêne pas ! » Courageux, il expliquait : « J'ai des érections en classe. Ça me gêne... »
Docteur Giga : les érections incontrôlables à l'adolescence
1993 - 01:10 - vidéo
Le médecin se montrait très rassurant et à l'écoute. Il détaillait : « C'est normal, tu es en pleine puberté, c'est normal de ne pas pouvoir contrôler complètement ton corps. C'est comme s'il y a avait un véritable orage d'hormones dans ton, corps, tu ne peux pas maîtriser tout ça. Alors, notamment les érections incontrôlables, rassure-toi, tous les garçons de ton âge, ça leur arrive. » Et de terminer : « Effectivement, en classe, c'est un peu gênant, on a l'impression que tout le monde nous regarde. Rassure-toi, ce n'est pas le cas. Tous tes copains sont dans ton cas. »
Savoir que l'on n'était pas tout seul, poser les questions que l'on n'osait pas poser et s'informer sur des questions de santé essentielles : avec les recommandations du « docteur Giga » sur la sexualité, la télévision remplissait son rôle d'information de son public adolescent.