18 janvier 2020, pour la première fois, les médias évoquent l'apparition d'un étrange virus en Chine. Un coronavirus. Tous les regards se tournent alors vers les scientifiques. Des spécialistes qui, avant de brandir la menace de pandémie, se voulaient encore rassurants. Le 21 janvier, la ministre de la Santé Agnès Buzyn reste optimiste lors de sa conférence de presse : « Le risque d'introduction en France de cas liés à cet épisode est faible. »
Ce qui n'empêche pas, dès le 21, les autorités sanitaires de présenter un plan d'action national et de lancer une pré-alerte sur l'ensemble du système sanitaire français : les agences régionales de santé et les SAMU. Du côté des hôpitaux, l’heure est encore à la sérénité. L’hôpital Bichat est fier de présenter ses sept chambres stériles aux médias.
Même optimisme du côté des spécialistes, comme le professeur Didier Raoult, directeur du pôle des maladies infectieuses à Marseille : « Je ne crois pas actuellement qu'il y ait des raisons d'être inquiets, il y a des phénomènes imprévisibles mais pour nous, globalement, ça n'est jamais qu'un virus respiratoire de plus. »
Côté recherche, on s’inquiète du mode de transmission du virus. Le professeur Éric Caumes, du Service des maladies infectieuses Hôpital de la Pitié-Salpêtrière (APHP), s'interroge ainsi sur le mode de transmission du coronavirus et la période d'incubation. « Ce qu'on ne sait pas, c'est si les personnes sont contagieuses avant d'être symptomatiques – c'est un élément absolument clé. »
L’ambiance change à la mi-février. La France compte alors 11 cas avérés. En conférence de presse, la ministre de la santé Agnès Buzyn déclare : « Il nous faut préparer notre système de santé à faire face à une éventuelle diffusion pandémique du virus, à une circulation du virus sur le territoire national. »
Fraîchement nommé au ministère de la Santé, Olivier Véran qui remplace Agnès Buzyn intensifie le plan sanitaire. Les médecins de ville se retrouvent en première ligne sans protection. Ils sont les premiers à alerter sur les pénuries. Même tension du côté des hôpitaux où les médecins comprennent que la situation va vite devenir critique. Ainsi le Pr André Grimaldi, diabétologue et membre du Comité inter-hôpitaux devant la Pitié Salpêtrière, s'inquiète : « Si c'est une épidémie qui touche des milliers de personnes, si il y a 5% de ces gens qui doivent être hospitalisés en réanimation, alors qu'on a des lits fermés en réanimation. Là, ce sera autre chose ! »
Mi-mars, les voyants sont au rouge à l’Est, première région submergée de patients. Les médecins hospitaliers appellent officiellement à l’aide, comme le docteur Jean-Philippe Mazzucotelli, chef de service de chirurgie cardiaque au CHU de Strasbourg, interviewé le 13 mars : « Non, rien ne va ! On n'est pas prêt ! On fait le maximum ici pour assumer mais si l'épidémie continue comme ça, on sera bientôt totalement dépassé. »
Appel entendu. Le 16 mars 2020, le président Emmanuel Macron annonce le confinement du pays pour limiter la propagation du virus et éviter l'effondrement du système médical français sous tension.