Avec la mort à l'âge de 84 ans de Colin Powell, survenue ce lundi 18 octobre, l'armée américaine perd l'un de ses plus grands héros. Né dans le Bronx le 5 avril 1937 dans une famille aux origines afro-caribéennes, il découvre, alors jeune étudiant de 17 ans, sa vocation militaire. En 1958, il entre dans les forces armées. Au Vietnam, il sera l'un des premiers conseillers militaires envoyés par le président Kennedy et y servira comme « platoon leader », chef d'une trentaine d'hommes.
Colin Powell va monter rapidement en grade et susciter la confiance du parti républicain. Sous George Bush, il devient chef d'Etat major, un rôle qui fait de lui l'un des principaux chefs de l'armée américaine durant la première guerre du Golfe, aux côtés du général Schwarzkopf. Confirmé dans ses fonctions par la nouvelle administration Clinton, Colin Powell prend sa retraite de général en 1993. Immensément populaire, il est même pressenti un temps comme possible candidat républicain pour l'élection présidentielle de 1996.
C'est à ce titre qu'il est l'invité de Bruno Masure sur le plateau du 20h de France 2, le 11 octobre 1995. Interrogé sur son ambition présidentielle, le militaire temporise : « J'avais la passion et l'enthousiasme d'être un soldat, et maintenant, je m'examine, et je parle aux Américains pour voir si cet enthousiasme et cette passion peuvent déjà, avant même d'aller à la Maison Blanche, être celui d'un politicien en campagne. » Un possible politicien, qui serait, le cas échéant, le premier candidat noir américain à viser la Maison Blanche, une première historique à propos de laquelle il déclare que « ce qui est tout à fait remarquable, au sujet de l'attention que l'on me donne, c'est que c'est un signe de progrès, qu'aux Etats-Unis pour la première fois dans l'histoire, on pense à une personne de couleur pour devenir président. Quand on examine les choses, comme le procès O.J Simpson et les relations raciales aux Etats-Unis, l'Amérique a fait de tels progrès, que maintenant les choses deviennent telles qu'il est possible de penser à une personne de couleur pour être président. »
Colin Powel ne se déclare finalement pas candidat (Bob Dole et Jack Kemp constitueront le ticket républicain, battu face à Bill Clinton et son colistier Al Gore), mais l'ancien militaire succombe finalement aux sirènes de la politique en 2001 en devenant le secrétaire d'Etat de l'administration de George W. Bush. Un poste qui le conduit à présenter en 2003 à la tribune des Nations Unies les soi-disant preuves américaines démontrant que l'Irak possède des armes de destruction massives, argument principal des Etats-Unis pour justifier l'invasion de ce pays.
Allégations finalement démenties par la réalité des faits, une fois l'Irak envahi en 2004. Colin Powell démissionne alors de son poste en janvier 2005, une fois la réélection de G.W. Bush acquise, et exprime sur la chaîne ABC ses regrets quant à cette présentation onusienne de 2003 qui fait « tâche sur sa carrière ». En 2008 et 2012, il se détourne des républicains et soutient le candidat démocrate Barack Obama, une nouvelle orientation politique qu'il réitère en 2020 en exprimant sa préférence pour la candidature de Joe Biden.
Discours de Colin Powell devant l'ONU
2003 - 02:50 - vidéo