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Comment la consommation de cocaïne s'est banalisée en France

Comment la consommation de cocaïne s'est banalisée en France

Près d'un adulte français sur dix (9,4 %) aurait déjà consommé de la cocaïne dans sa vie, selon une étude de l'Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) publiée le 26 juin 2024. Une hausse de 3,8 points par rapport à 2017, date de la dernière étude. En 40 ans, cette drogue a connu une grande démocratisation. Explications en archives.

Par Romane Laignel Sauvage - Publié le 26.06.2024
La cocaïne - 1983 - 00:00 - vidéo
 

L'ACTU.

Une nouvelle étude de l'Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT), publiée mercredi 26 juin, révèle que près d'un Français adulte sur 10 a déjà consommé de la cocaïne au moins une fois dans sa vie. Lors de la dernière étude, en 2017, c'était ce chiffre atteignait 5,6 %.

« La cocaïne est de plus en plus disponible. L’offre a beaucoup augmenté, avec des saisies records, dans un contexte de production en hausse considérable, un prix qui stagne - entre 60 et 70 euros le gramme - alors que la pureté augmente », a détaillé à l’AFP Guillaume Airagnes, directeur de l’OFDT. Et d'ajouter : « On peut ajouter à cela la démocratisation de l’usage avec une plus grande variété de types de consommation : festives, mais aussi dans des métiers où la pénibilité est forte ».

Par ailleurs, 2,7% des adultes ont consommé de la cocaïne au moins une fois au cours des 12 derniers mois. C'est dix fois plus qu'en 1992 (0,3%).

LES ARCHIVES.

« New York, San Francisco, et aujourd'hui Paris : la vague de la cocaïne a désormais gagné la France. » Nous étions en 1983. Au 20h de TF1 et dans l'archive disponible en tête d'article, le journaliste alertait sur l'augmentation de la consommation de cocaïne, psychoactif provenant du cocaïer, arbre cultivé en Amérique du Sud.

À l'époque le gramme se vendait 600 francs, soit plus de 200 euros aujourd'hui, en prenant en compte l'inflation. En 1983, « sniffer » était « le dernier geste à la mode dans les soirées mondaines », décrivait-on. Elle donnait de l'énergie, rendait plus intelligent, ou du moins en donnait « l'illusion ». C'était là le piège. D'autant que cette drogue très addictive, expliquait-on, avait de graves répercussions sur la santé, sur le cœur ou sur l'humeur notamment.

Interrogé, le psychiatre Marc Valleur tempérait : « Dans l'état actuel des choses, il est tout à fait difficile pour quelqu'un d'être cocaïnomane. (...) Pour être en permanence sous l'effet de la cocaïne, il faudrait en prendre des doses faramineuses, ce qui couterait bien plus cher que ce qu'il faut pour être héroïnomane par exemple. » Et puis, dans les années 1980 en France, la consommation de cocaïne était encore limitée à une certaine élite. Le journaliste concluait néanmoins : « Il est surement temps de tirer le signal d'alarme ».

Dans l'archive de 1994 ci-dessous, Jean-Pierre Pernaut parlait encore d'une « drogue mondaine », la journaliste d'une « consommation réduite » en France. Alain Wallon, de l'observatoire géopolitique des drogues, assurait alors : « La France n'est pas un pays majeur de consommation de cocaïne. On consomme la cocaïne surtout dans les milieux dits branchés, dans le show-business, dans les discothèques. Mais, il n'y a pas une consommation de masse comme aux États-Unis ».

La cocaïne en France
1994 - 00:00 - vidéo

Années 1990 : le tournant

Pourtant, dans les années 1990, la cocaïne progressait en France. Au cours de la décennie, le marché américain étant de plus en plus saturé, la consommation s'était démocratisé en Europe. En 2004, le 20h de France 2 ci-dessous parlait d'une « une envolée de la consommation » et affirmait : « La drogue des artistes et des branchés s'est répandue dans tous les milieux ». En dix ans, expliquait le commentaire, le prix de la cocaïne avait été divisé par deux et l'on estimait à 300 000 le nombre de consommateurs réguliers.

Consommation de cocaïne en France
2004 - 03:47 - vidéo

À la télévision, les témoignages de personnes faisant face à une addiction à la cocaïne fleurissaient. Comme celui de Thomas, dans l'archive ci-dessus. Son psychologue Mario Sanchez analysait : « La cocaïne accompagne le moment actuel où la performance individuelle est devenue très importante. Il y a eu dans les années 1970 la drogue du groupe, le cannabis baba-cool et le fait d'être ensemble. La cocaïne est par excellence la drogue de l'indépendance ».

Cette tendance à la banalisation de la cocaïne se confirmait au cours des années 2000. Désormais, cette drogue était accessible et beaucoup plus rentable pour les narcotrafiquants que le cannabis. Les estimations atteignaient 1,1 million de consommateurs occasionnels. Étienne Apaire de la mission interministérielle de lutte contre la drogue y voyait une « offensive commerciale des cartels d'Amérique du Sud ».

Cocaïne banalisée
2008 - 00:00 - vidéo

Selon l'Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT), le prix du gramme de cocaïne était passé de 150 euros en 1990 à 60 euros en 2012.

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