L'ACTU.
Une page se tourne sur l'avenue des Champs-Élysées, avec les fermetures des cinémas UGC Normandie et Gaumont Champs-Élysées Marignan. « La plus belle avenue du monde » a compté jusqu'à vingt salles et fut longtemps considérée comme la vitrine du 7e art à la française, avec un âge d'or dans les années 60-70. Progressivement, la flambée du prix de l'immobilier dans le quartier et la chute des fréquentations ont accéléré la disparition des complexes.
Le Gaumont Champs-Élysées Marignan était l'un des plus vieux cinémas du quartier. Construit dans les années 30, il appartenait au groupe Pathé. Durant 90 ans, il a été l'un des plus prestigieux cinémas parisiens, sa magnifique salle Art déco servant d'écrin aux nombreuses avant-premières organisées en présence des plus grandes stars. C'était également le cinéma des exclusivités et des festivals, comme le Festival du film de Paris.
Avec les fermetures de l’UGC Biarritz en 1995, du Gaumont Ambassade en 2016 ou du Georges V en 2020, les Champs-Élysées ont perdu leur titre « d'avenue du cinéma ». Une avenue qui fit longtemps rêver de nombreux spectateurs et suscita certaines vocations. Claude Lelouch fut l'un de ces habitués des salles « des Champs ». En 2003, le cinéaste qui présidait alors le Festival du film de Paris évoquait avec Sonia Dubois cette époque bénie où le Marignan et les autres salles du quartier faisaient rayonner le cinéma français.
L'ARCHIVE.
« Pour moi la plus belle avenue du monde, c'est celle où il y a le plus de cinémas » déclarait le cinéaste dans l'émission « La vie d'ici », le 29 mars 2003, sur France 3. Claude Lelouch militait déjà pour que l'on arrête de supprimer les cinémas des Champs-Élysées. Cette avenue était chère à son cœur, « parce que c'était l'avenue où il y avait le plus de cinémas », confiait-il. Ces salles, ainsi que celles des Grands Boulevards, avaient marqué sa jeunesse.
« C'est pour ça que j'aime Paris, c'est parce que c'est la ville où il y a le plus de cinéma, où on voit le plus de films au monde. (...) Les Champs-Élysées étaient forcément le cœur de ma vie à l'époque où il y avait les grandes salles... » Il évoquait celles qui l'avaient marqué, le Marignan, bien-sûr, mais aussi le Colisée ou le Grand-Normandie, qui avaient déjà disparu. Il avait dévoré les films dans ces salles, plaisantant sur le fait qu'il n'avait jamais fait la queue, car il se glissait par « la sortie de secours ».
Une certaine nostalgie émanait de son témoignage et il espérait que l'on préserverait les cinémas des Champs-Élysées : « Si les Champs-Élysées veulent rester la plus belle avenue du monde, il faut absolument reconstruire vite le cinéma », c'était essentiel pour éviter que les Champs ne soient plus qu’un lieu où « aller bouffer » et ne perdent cette âme cinéphile et culturelle.
« Ce qui fait un beau pays, c'est le rêve. Et le cinéma est l'arme absolue du rêve », ajoutait-il. Cette part de rêve, celle qu'il avait expérimentée dans sa jeunesse, il souhaitait que d'autres l'éprouvent à leur tour : « Tous ces endroits où on rêve, comme les salles de cinéma, ont besoin, à un moment donné de prolonger le rêve. C'est formidable d'aller voir un film dans un bel endroit pour ensuite le prolonger ».
Un écrin du cinéma
Le Gaumont Champs-Élysées Marignan est né en 1933. Son fondateur était un producteur de cinéma, il s'appelait Bernard Nathan. C'est lui qui avait racheté la société Pathé dans les années 30. Il connut un destin tragique en perdant la vie dans un camp de concentration. Dans une archive de 1941 de propagande nazie, son visage apparaissait dans une exposition intitulée « Le juif et la France ».
Le Champs-Élysées Marignan au style Art déco devint rapidement le lieu des exclusivités. En 1938, la salle fut la seule à projeter Blanche Neige de Walt Disney. Un très gros succès puisque le film d'animation resta à l'affiche durant 18 semaines, avec 300.000 spectateurs.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, alors que Paris était occupée par les Allemands, le cinéma rebaptisé « Soldatenkino » fut réservé aux occupants.
À partir des années 60, l'unique grande salle fut scindée en deux (Marignan et Concorde), d'autres salles suivront dans les années 1970 pour devenir l'un des premiers multisalles (6 salles). Nous vous proposons de découvrir ci-dessous quelques archives d'avant-premières marquantes ou d'événements où tout le gotha du cinéma se donnait rendez-vous.
Lors de l'inauguration de la salle Concorde, le film Mayerling fut diffusé en présence d'Ava Garner, de Catherine Deneuve et d'Omar Sharif.
Inauguration du cinéma Marignan-Concorde
1968 - 00:25 - vidéo
Comme souvent, à la sortie d'un film populaire, la télé se rendait devant le Gaumont Marignan après la projection pour recueillir les premières impressions du public. Ce fut le cas le 1er décembre 1982 pour le film E.T. de Steven Spielberg.
Direct cinéma Marignan sortie du film E T
1982 - 01:53 - vidéo
Le 5 avril 1983, la réalisatrice Diane Kurys présentait son film Coup de foudre en avant-première au Marignan dans une ambiance très glamour. Le soir du gala, toute l'équipe arrivait dans des tenues des années 50, l'époque où se déroulait le film. Au micro de Georges Bégou, le reporter du 20 heures d'Antenne 2, la cinéaste abordait les sujets traités dans le film, notamment une histoire d'amour entre deux femmes mariées et mères de famille. L'entrée des acteurs dans le cinéma était accompagnée par un orchestre de jazz qui jouait le standard In the mood.
Opération coup de foudre pour le film "Coup de foudre"
1983 - 04:27 - vidéo
En mai 2012, le dernier film des studios Marvel, The Advengers, réalisé par Joss Whedon, sortait en salle. Une foule de super-héros associée à un casting de rêve garantissait le succès de film. Une nouvelle fois, le JT de 13 heures prenait le pouls du public à la sortie de la première séance du Gaumont Marignan qui proposait le film en 3D.
France. Cinéma. Film "Avengers" réalisé par Joss Whedon
2012 - 01:55 - vidéo