Vendredi 17 décembre, Christiane Taubira a annoncé son désir de s'engager dans l'élection présidentielle de 2022 : « J'envisage d'être candidate à l'élection présidentielle de la République française » dans une vidéo publiée sur Facebook, dans laquelle elle donne « rendez-vous à la mi-janvier ». « Je ne serai pas une candidate de plus », a-t-elle affirmé, précisant sa volonté d'unir la gauche.
L'ancienne ministre de la Justice avait déjà été candidate à l'Elysée, c'était en 2002. A l'époque, à 49 ans, elle était députée de la Guyane et se lançait dans la campagne portée par le Parti Radical de Gauche, devenant la première femme noire à briguer la présidence de la République.
L'archive en tête d'article date du 1er décembre 2001, au moment de cette investiture officielle qui s’était déroulée à Paris. RFO avait assisté à sa désignation par 473 voix pour contre 102 contre. Avec près de 80% des suffrages, la députée guyanaise recevait une investiture très nette des membres du PRG. Elle devenait ainsi la première candidate issue de l’Outre-Mer à présenter sa candidature pour l’Elysée.
Dans son discours, elle remerciait ses électeurs pour cette désignation : « Merci à tous, vraiment. D’habitude les mots sont mes amis, aujourd’hui, ils semblent avoir déserté ma tête, et je prends toute la mesure de la confiance, de l’audace, mais surtout du terrible défi que nous allons porter ensemble. J’aurais besoin de vous tous, et je sais que je pourrais compter sur vous tous. Je vous remercie. Je pensais déjà que d’être arrivée jusqu’à ce matin suffirait, et suffisait, à mon bonheur. Au bonheur de ceux qui croient profondément à la fraternité, au bonheur de tous ceux qui savent que la tolérance se pratique au quotidien et que c’est un combat permanent. Je pensais que tout cela suffisait à mon bonheur, mais aussi au bonheur de tous les déshérités de la terre, et vous avez choisi d’aller au-delà. »
Le commentaire précisait que cette nomination avait tout de même provoqué des divisions au sein du parti, car à l’époque, la parlementaire n’appartenait pas au PRG, mais était toujours présidente du parti Walwari, un parti politique guyanais, qu’elle avait fondé le 30 novembre 1992 avec son mari Roland Delannon, proche du socialisme. En interne, ce parcours irritait certains détracteurs, tel Emile Zuccarelli, ancien ministre et à l’époque maire de Bastia, il attendait des preuves de rapprochement avec le PRG.
Une candidature universaliste
Christiane Taubira se présentait comme la candidate des Radicaux et de « tous les déçus de la politique, les exilés de la citoyenneté et les marginaux de la République» .
Au micro des journalistes, elle le répétait : « Je viens de la traite, de l’esclavage, de l’histoire coloniale de la France, mais je viens aussi de l’école publique, je viens aussi de l’égalité des chances et ça, je dois le rendre. »
Par sa candidature, Christiane Taubira espérait élargir l’électorat de gauche et barrer la route à la droite. Il lui restait encore à acquérir les 500 signatures nécessaires pour se présenter. Deux ans après avoir fait reconnaître devant le Parlement, l’esclavage comme crime contre l’Humanité, la députée confortait son ambition nationale en se présentant à l’élection présidentielle. Deux jours après son investiture, RFO dressait son portrait de cette députée.
Christiane Taubira Delannon, candidate PRG à l'élection présidentielle
2001 - 01:28 - vidéo
« J’ai un mandat national, je l’assume. Je suis pratiquement inattaquable sur mon travail. » (Christiane Taubira, 3 décembre 2001)
Le 25 février 2002, c’était au tour du JT de France 2 de dresser le portrait « de celle que l’on attendait le moins mais qui veut détonner dans cette campagne », selon David Pujadas dans son lancement. La Guyanaise entamait son tour de France pour se faire connaître. Dans le Lot, les viticulteurs étaient sous le charme, outre-mer, elle déchaînait les passions et l’enthousiasme. La politique, elle l’avait apprise comme indépendantiste dans les années 1980 : « Ma fiérté c’est le militantisme indépendantiste, c’est justement la capacité d’aller jusqu’au bout de mes engagements… » En 2002, son discours se voulait universaliste, social et anti-sécuritaire.
Portrait de Christiane Taubira
2002 - 02:08 - vidéo
« Si la France continue à s’enfermer dans la peur, et si elle y est encouragée, notamment par ses discours ultra sécuritaires, le lien social va continuer à se dissoudre. Aucune société ne construit son avenir en se défiant de ses voisins. » (Christiane Taubira, 25 février 2002)
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