1951 : le château de Versailles menaçait de s’effondrer. « Versailles, nom prestigieux, accueille chaque année 3 millions de visiteurs. Et pourtant, ces splendeurs de son architecture cachent une profonde misère. Atteinte par la maladie de la pierre, les balustrades s’effritent, tandis que des hectares de toitures laissent dans de nombreux endroits filtrer l’eau qui détériore le gros œuvre. »
« Pour parer au plus pressé, des échafaudages ont dû être dressés dans la célèbre galerie des glaces en attendant que des jours meilleurs et l’effort d’amis des arts permettent sa complète restauration. » expliquait-on à la télévision. Mais le secrétaire d’Etat aux Beaux Arts, André Cornu, n’a pas le temps d’attendre des jours meilleurs. En février 1952, il prend le micro dans l’émission de radio « Paris vous parle ». Le ton est grave, il appelle à la mobilisation générale : « Je viens jeter un cri d’alarme et faire appel à tous les Français pour qu’ils m’aident à sauver de la ruine leur bien commun le plus prestigieux : le château de Versailles. »
Pendant plus de 6 minutes, André Cornu va ainsi sensibiliser les Français à faire des dons : en tout, il faut 5 milliards d’anciens francs. Alors, toutes les occasions sont bonnes pour récolter de l’argent. Par exemple, en 1952, le président Vincent Auriol est au salon de l’automobile à Paris et à l’entrée, un stand annonce : « Grande tombola pour la sauvegarde de Versailles ».
100 millions de francs pour le hameau de la Reine
Un chèque arrive même des Etats-Unis en 1954 : « En signant un chèque de 100 millions, l’un des frères Rockefeller vient de mettre une parcelle de son immense fortune au service de Versailles. Ces 100 millions serviront en particulier à la restauration du hameau de la Reine, dont les charmantes constructions, toutes frémissantes encore du souvenir de Marie-Antoinette, menacent de ruine faute de crédit.»
Le monde entier est au chevet de Versailles. Et les rénovations avancent. Celles de l’Opéra royal sont terminées en 1957. Et quoi de mieux pour l’inaugurer qu’une visite royale ? La jeune reine Elizabeth II est reçue en grande pompe par le président René Coty. Cette visite permet au monde entier de voir le renouveau de Versailles.
En quelques années, grâce à la mobilisation générale de tous les Français, le château est sauvé des ruines et il devient un lieu privilégié pour faire rayonner le génie français.
