Il a trois ans, les yeux orange, et il est beau. Son nom : Doudou de Bréhat. C’est un persan blanc. Début janvier 1958, le matou français était élu « plus beau chat du monde à poil long », un événement que le « Magazine féminin » s'était empressé de couvrir. Le reportage en tête d’article nous dévoile la vie quotidienne de ce champion. Une vie pas si rose comme le soulignait Raymond Marcillac dans son commentaire, « pour être beau, il faut savoir souffrir ».
Et Doudou souffrait en silence. Trois fois par semaine sa maîtresse le baignait consciencieusement, puis venait l’heure du séchage et du brossage. La queue, le ventre, l'arrière-train, aucune partie de son corps primé n’échappait à la vigilance de sa propriétaire, visiblement très fière de son chat angora.
Les protestations de Doudou, filmées par la caméra, n’y feraient rien, pas même ses griffes acérées plantées dans la main de sa tortionnaire. Malgré ses coups de pattes, le champion félin aura tout de même droit à sa ration quotidienne, avec « serviette autour du cou » pour ne pas tacher son beau pelage.
Après le repas, sonnait l’heure de la sieste. Mais même allongé dans son panier, il faudrait encore parader et supporter les mimiques de « mémère », comme l'appelait le journaliste. « Dormir, enfin dormir »… Doudou s’échappait enfin sous un tabouret pour rêver « aux gouttières qu’il ne connaîtrait jamais », concluait le commentaire de ce reportage.