Du débarquement de Normandie à la libération de Paris. Découvrez une sélection de chansons qui la composent la bande son de l'été 1944 : trois mois qui ont changé le cours de l'histoire. Mais qu'écoutait-on sur les postes de radio en cet été historique ? Voici quelques titres, en forme de madeleine de Proust sonore, qui vous évoqueront très certainement quelque chose même si vous n'étiez pas nés à l'époque…
LES CHANSONS.
Pour commencer notre tour de chant, Fleur de Paris. Ce fut le succès incontournable de cet été 1944. L'archive en tête d'article est une interprétation chorale du refrain de cette chanson par une foule d'artistes, à l'occasion de l'émission « Le palmarès des chansons ». Pour ce 14 juillet, l'émission avait quitté le studio 102 et s'était installée en plein air près de la Maison de la Radio devant un public enthousiaste et nombreux. Pour cette interprétation, les artistes étaient accompagnés par l'orchestre de Raymond Lefèvre et trois accordéonistes, dont Aimable. Se succèdent ainsi gaiement au micro : Guy Lux, l’animateur de l'émission, « Palmarès des chansons ». Ginette Garcin (la créatrice de la chanson), entourée de Carlo Nell, Gaston, Minouche Barelli, Annie Philippe, Rogers et René Louis Lafforgue puis Line et Willy avec Jacqueline Dulac, Jean Constantin, Dario Moreno, Luis Mariano et même Cloclo qui achève ce joyeux numéro.
« C'est une fleur de Paris,
Du vieux Paris qui sourit,
Car c'est la fleur du retour,
Du retour des beaux jours.
Pendant quatre ans dans nos coeurs
Elle a gardé ses couleurs,
Bleu, Blanc, Rouge,
Avec l'espoir, elle a fleuri,
Fleur de Paris... »
Deux tubes inoubliables
Les paroles de Fleur de Paris sont de Maurice Vandair et la musique d'Henri Bourtayre. Le 6 juin 1944, pour le cinquantenaire du débarquement en Normandie, le compositeur revenait sur TF1 sur l'histoire de cette chanson clé de 1944 qu'il avait écrite en pensant à Maurice Chevalier. Il raconte ci-dessous la genèse du succès que le chanteur vedette avait d'abord refusé par crainte de représailles. Mais Fleur de Paris a été la première chanson à passer à la radio, « une explosion de joie » qui allait devenir l'hymne le la Libération grâce à l'orchestre de Jacques Hélian qui la popularisa.
Henri Bourtayre, compositeur de la chanson Fleur de Paris
1994 - 03:06 - vidéo
L'autre chanson inoubliable de l'été 44 fut, bien sûr, Le chant des partisans, composé par la guitariste Anna Marly sur des paroles de Joseph Kessel et Maurice Druon qui étaient tous deux en exil à Londres. Elle fut créée par la chanteuse Germaine Sablon, à découvrir ci-dessous.
Germaine Sablon, "Le chant des partisans"
1963 - 02:06 - vidéo
Paris sur toutes les lèvres
Une fois Paris libéré, les Parisiens entonnèrent volontiers des airs joyeux. À l'exemple de celui ci-dessous, porté par une autre énorme vedette de l'époque, Maurice Chevalier : La marche de Ménilmontant. Ici, dans une version de 1956, dans l'émission « Trente-six chandelles ».
Maurice CHEVALIER : "La marche de Ménilmontant"
1956 - 02:46 - vidéo
Les Français écoutaient aussi beaucoup Édith Piaf, déjà extrêment célèbre à l'époque. La môme Piaf, c'était la chanteuse parisienne par excellence. Ils fredonnaient avec elle L'accordéoniste de Michel Emer.
Edith Piaf "L'accordéoniste"
1954 - 03:58 - vidéo
Paris et l'amour inspirèrent certaines des plus belles chansons de cette époque, avec, bien-sûr, l'inoubliable Mon amant de Saint Jean. Écrite dès 1936, elle ne fut créée qu'en 1942 par Lucienne Delyle. Depuis, elle a été reprise par de multiples interprètes, récemment encore par Patrick Bruel. Ci-dessous, l'interprétation de Patachou.
Patachou : "Mon Amant de Saint-Jean"
1968 - 02:21 - vidéo
Charles Trenet "La romance de Paris"
1967 - 02:59 - vidéo
Ou encore, cette chanson romantique sur Paris, la ville éternelle de l'amour, par Charles Trénet.
Retrouver sa «douce France»
Toutes les chansons qui évoquaient la douceur devivre de la France étaient également plébiscitées. Ça sent si bon la France fut, par exemple, beaucoup chantée par les résistants qui attendaient le retour de la liberté, puis par les Français libérés. Elle est interprétée ci-dessous par Rogers dans l'émission « La joie de Vivre » en 1956.
Rogers : "Ca sent si bon la France"
1956 - 03:48 - vidéo
Charles Trenet "Douce France"
1964 - 01:12 - vidéo
Même succès pour Douce France de Charles Trénet qui est devenue universelle.
Le retour des bonheurs simples
La Libération fut synonyme de fêtes et d'ivresses et une chanson en particulier illustra bien la joie de vivre des Français, avec leur désir de goûter aux petits plaisirs simples, comme boire un bon verre de vin, dans une guinguette, pourquoi pas... du côté de Nogent, par exemple. Ainsi est né, Ah le petit vin blanc !
Jean Dréjac l'avait écrite fin 1943, alors qu'il se promenait sur une barque, comme il le raconte ci-dessous. Le texte de la chanson fut imprimé à plusieurs milliers d'exemplaires sur des petits livrets et connut un succès retentissant, car les Français l'apprirent par cœur pour la chanter à la moindre occasion festive.
Jean Dréjac à propos de la chanson Le petit vin blanc
1994 - 01:40 - vidéo
Lina Margy "Ah! Le petit vin"
1966 - 02:53 - vidéo
Ici une version de 1966, interprétée par Lina Margy. Elle est accompagnée par l'accordéoniste Aimable.
D'autres titres furent le reflet de l'ambiance joyeuse qui s'installa dans l'Hexagone avec la Libération, notamment quatre chansons également emblématiques de l'époque : Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux, Tout va très bien Madame la marquise, Le petit chemin qui sent la noisette, Quand un vicomte... Ci-dessous leurs deux auteurs respectifs, Paul Misraki et Mireille, racontent leur création.
Les chansons de Paul Misraki et Mireille à la Libération
1994 - 02:52 - vidéo
Carlos et Patrick Topaloff "Tout va très bien Madame la Marquise"
1971 - 02:33 - vidéo
Mireille "Quand un vicomte"
1995 - 01:00 - vidéo
Sacha Distel "Qu'est ce qu'on attend pour être heureux"
1975 - 01:26 - vidéo
Sacha Distel chante Qu'est ce qu'on attend pour être heureux, accompagné de l'orchestre dirigé par Ray Ventura.