L'ACTU.
Début janvier, le Pas-de-Calais est de nouveau placé en vigilance rouge pour les crues, après un automne déjà torrentiel.
Le 13 novembre 2023, des agriculteurs emmenés par la FDSEA avaient manifesté à Calais le long d'une wateringue. L'objectif : dénoncer le mauvais entretien de ces canalisations censées permettre le drainage des terres de la région. En effet, entre Calais, Dunkerque et Saint-Omer, la zone des Wateringues est un polder, une grande partie des terres qui se trouvent sous le niveau le haut de la mer. Il est donc nécessaire de les assécher.
Or, des pluies continues ont provoqué des crues et inondations dans le nord de la France. Outre l'intensité de l'événement, les manifestants ont dénoncé un réseau de canaux en mauvais état, ne permettant pas une bonne évacuation des eaux.
LES ARCHIVES.
« Vous voyez, il y a de l'eau dans les parcelles culturales. Comment voulez-vous qu'un agriculteur puisse travailler dans de bonnes conditions et comment voulez-vous qu'il puisse gagner de l'argent dans de telles conditions ? » Nous sommes en 1981 et le journal télévisé du Nord-Pas-de-Calais diffusait un reportage sur les wateringues, ces canaux permettant l'assèchement de terrains sous le niveau haut de la mer.
Tout en découvrant ce réseau gigantesque de fossés, canaux et pompes recouvrant une zone située entre Calais, Dunkerque et Saint-Omer, les téléspectateurs pouvaient voir émerger une problématique locale : comment financer de telles infrastructures ? « C'est au XIIe siècle que les hommes du nord ont commencé à se préoccuper des problèmes posés par l'eau dans la zone des Wateringues, mais huit siècles plus tard malgré de gros progrès, la maitrise de l'eau se pose encore », notait le commentaire. Leur entretien coutait cher et le sujet faisait régulièrement la une des journaux télévisés locaux. D'autant que les diverses structures locales n'étaient pas toutes très dynamiques, notait le journaliste.
Plus de moyens pour les wateringues
Un exploitant agricole montrait comment ses parcelles avaient pu être drainées : « À l'heure actuelle, avec les 50 millimètres d'eau qu'on vient d'avoir, on aurait eu les terres inondées, on n'aurait pas pu monter sur les champs avant une quinzaine de jours, les arrachages de betteraves, les semis de blé auraient été retardés. » Et de conclure sur l'importance de ces wateringues, qui permettaient une « certitude de réussite, d'avoir un bon semi et de récolter dans de bonnes conditions, plutôt que d'avoir des terres inondées et des récoltes détruites par l'eau. »
Malheureusement, si certaines parties de ce système faisait l'objet de subventions, notamment les systèmes d'évacuation de crues, ce n'était pas entièrement le cas de plus petites structures, destinées à un seul ou quelques exploitants agricoles. L'un d'entre eux défendait : « Il est bien évident qu'à l'origine les agriculteurs étaient les seuls habitants de ce pays et qu'ils ont pris en charge les problèmes hydrauliques. Aujourd'hui, il est souhaitable qu'ils continuent à les prendre en charge étant donné l'expérience qu'ils ont dans ce domaine, mais il est également exact que nous subissons toutes les eaux ménagères et que nous rendons un service public en assainissant toute une région dans laquelle nous agriculteurs ne sommes plus que 5% de la population. » Et demander une hausse des subventions accordées.
Une trentaine d'années plus tard, en 2010, la situation semblait encore précaire. Après d'importantes pluies, le système d'évacuation était mis en cause racontait l'archive ci-dessous. « Un réseau vieillissant qui nécessite des investissements pour éviter l'invasion des eaux », alertait-on.
Nord. Les wateringues en zones inondables
2010 - 02:08 - vidéo