Les sages-femmes font à nouveau grève ce jeudi 7 octobre et descendent dans la rue. Depuis des mois, elles alertent sur la détérioration de leurs conditions de travail et leur faible rémunération. Début juillet déjà, l’Ordre des sages-femmes tirait la sonnette d’alarme car de nombreuses maternités manquaient d’effectifs. Résultat : une succession de gardes et un épuisement chronique accentuant l’insécurité pour les mères et enfants à naître. Cette fois, certaines sages-femmes ne se contenteront pas d'un simple brassard pour signaler la grève, mais manifestent ce jeudi 7 octobre à Paris, à Montparnasse sous les fenêtres du ministère de la Santé, pour alerter sur les conditions toujours plus dégradées de leur activité.
Une situation que ne connaissaient pas leurs prédécesseures, déjà très investies dans leur mission auprès des jeunes mamans. Ce reportage de décembre 1974, diffusé dans le magazine "Rendez-vous avec", nous transporte auprès de ces femmes dévouées et indispensables, à une époque où l'anesthésie n'existait pas, et où l'accouchement sans douleur n'était qu'un rêve souvent inaccessible. C'est dire si le rôle de ces femmes dévouées. Interrogées sur leur métier, ces professionnelles très empathiques, s'avouaient totalement investies, à l'image de celle-ci qui confiait à la caméra : "Je materne les femmes, j'aime bien les chouchouter, les câliner, les prendre en charge complètement. Je me sens leur maman."
Un investissement humain sans limite
Contrairement à ce qu'elles dénoncent aujourd'hui, elles avaient alors le temps de s'occuper de chaque maman, de les rassurer. L'essentiel dans la prise en charge et de l'accompagnement de la douleur passait par elles. Et cette jeune mère le reconnaissait volontiers : "Vous m'avez beaucoup aidé. Sans vous je ne sais pas ce que j'aurais fait." Ces professionnelles évoquaient ensuite des souvenirs forts de leur carrière. A l'instar de cette sage-femme plus ancienne, racontant pour sa part, un accouchement marquant, celui d'une femme qui venait d'apprendre la mort de son époux en Algérie : "Je lui ai posé cet enfant sur le ventre, je n'ai rien pu dire. Il n'y avait rien à dire. Elle était toute seule avec cet enfant qu'elle regardait. Je suis partie… et je me suis mise à chialer parce que c'était abominable".
Leur statut a bien changé depuis les années 1970. Si leur rôle reste toujours essentiel, la profession en manque de reconnaissance et souffre d'un sous-effectif chronique. Pourtant, Olivier Véran, le 16 septembre 2021, après un rapport de l’inspection générale des affaires sociales (Igas) confirmant la nécessité de revaloriser ce métier, avait annoncé une prime de 100 euros brut aux sages-femmes à l’hôpital, et une hausse de salaire de 100 euros net par mois. Soit 180 euros net, qui s’ajoutent aux 183 euros prévus par le Ségur de la santé. Insuffisant, face au manque cruel de moyens humains pour cette profession en manque de reconnaissance.