Ni l’Union européenne, ni le Royaume-Uni, ni les partis irlandais, ne souhaitent le retour d’une frontière maudite, symbolisant la fracture d’une île divisée depuis 1922 entre la République d’Irlande, catholique, et la province d’Irlande du Nord, à majorité protestante et partie intégrante du Royaume-Uni. Cette frontière a en effet vu les membres de deux communautés – unionistes et indépendantistes – se déchirer pendant plus de trente ans au cours d’une guerre civile meurtrière (des années 1960 aux années 1990) qui aura causé la mort de plus de 3500 personnes.
1998, grâce aux accords du Vendredi Saint, la frontière se pacifie...
En 1998, les accords du Vendredi Saint entre le gouvernement de Londres emmené par Tony Blair, et les différentes forces politiques d’Irlande du Nord (unionistes et indépendantistes) mettent un terme à ces décennies de violence. Depuis, les milices ont désarmé, les violences à la frontière ont largement diminué, et l’économie a profité de la paix retrouvée.
Mais c’était sans compter sur le coup de tonnerre du Brexit. Car la frontière irlandaise va désormais séparer un état membre de l’Union européenne – l’Irlande – d’un pays tiers, le Royaume Uni. C’est ce spectre du « retour de la frontière » que tous les responsables veulent éviter. Malheureusement, pour le moment, ni Londres, ni Bruxelles, n'ont cédé sur cette épineuse question du Backstop.
Si Londres ne parvient pas à voter l'accord sur le Brexit, le Royaume-Uni quittera bel et bien l'Union européenne au 31 mars 2019, et la frontière entre les deux Irlande redeviendra une frontière internationale, faisant resurgir la crainte de tensions.