L'ACTU.
Les 220 employés de la brasserie Heineken de Schiltigheim (Bas-Rhin) ont appris le 14 novembre que la multinationale allait fermer et vendre la brasserie d'ici à trois ans. La marque de bière a annoncé vouloir recentrer sa production sur deux autres sites français (Mons-en-Barœul dans le Nord et Marseille). Un coup dur pour les salariés et pour la ville que l’on appelait autrefois « la capitale de la bière ». L'enclavement de l'usine et la concurrence des brasseries artisanales sont deux des motifs avancés par la direction de Heineken France pour justifier la fermeture.
LES ARCHIVES.
Schiltigheim a longtemps porté le titre de cité des brasseurs, avec la brasserie familiale Fischer (ou pêcheur) fondée en 1721. Mais le 12 février 1996, Heineken devenait actionnaire majoritaire du groupe Fischer-Adelshoffen. Dès l'annonce de ce rachat, les Schilikois et les employés du groupe Fischer-Adelshoffen exprimaient leurs craintes concernant l'avenir des deux brasseries, certains craignant que la concentration ne sonne le glas de la culture brassicole locale.
L’archive en tête d’article reflète cette méfiance. Il s’agit d’un reportage diffusé dans le 20h00 de France 2, le 16 février 1996, alors que la « première brasserie française » venait de passer dans le giron d’Heineken. À Schiltigheim, où l’effigie du petit bonhomme Fischer (pêcheur en alsacien) était visible partout dans la ville, la nouvelle passait mal. Dans le principal bar-restaurant de la cité des brasseurs, le patron, lui aussi nommé Fischer, regrettait cette évolution : « la culture brassicole va disparaître. C’était l’une des dernières où il restait une famille, une âme qui n’est plus là » se lamentait-il. Un consommateur s’interrogeait sur l'abandon du nom de Fischer qui représentait jusqu'à ce jour « une institution à Schiltigheim ». Il dénonçait la toute-puissance des « lobbys financiers » qui rachetaient tout, même une marque « inhérente à la ville elle-même ».
Heineken avait annoncé sa prise de participation majoritaire par un simple communiqué, insistant sur la complémentarité des marques. À l’époque, pas un mot n’avait été prononcé concernant l'avenir des 950 salariés de Fischer. Un employé interrogé affichait son pessimisme : « quand on achète, c’est toujours pour éliminer », déclarait-il.
Même désarroi du côté des élus, notamment chez le maire de Schiltigheim, qui voyait se tourner une page ancestrale de l’histoire locale. Il préconisait la « vigilance nécessaire » en matière d’emplois. Ce rachat sonnait-il la fin des brasseries familiales ? Il n’en restait que deux, Schutz et Météor, « mais pour combien de temps » s’interrogeait la journaliste en guise de conclusion.
Un anniversaire doux-amer
La même année, quelques mois après son rachat, celle que l'on appelait autrefois « la brasserie de l'espérance » célébrait ses 250 ans. Pour l'occasion, Heineken avait ouvert les portes aux visiteurs dans le cadre d'une grande fête. Jean-Claude Riedel, le responsable de l’usine, se voulait positif sur les perspectives de la brasserie, déclarant avec une pointe d’ironie : « c’est la fête de l’espérance et le vert qui est la couleur Heineken est également la couleur de l’espérance ».
Schiltigheim : 250 ans de la brasserie de l'Espérance
1996 - 01:46 - vidéo
La fête de la bière, le rendez-vous incontournable
Schiltigheim était connue depuis le XVIIIe siècle comme la « capitale de la bière », un titre qu'elle fêtait chaque année : défilés, fanfares, dégustation de saucisses et de bière et élection de Miss bière. Découvrez ci-dessous une archive composée d'instantanés de cette célébration. Un reportage de 1967.
Fête de la bière à Schiltigheim
1967 - 16:13 - vidéo