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1992 : la France des banlieues se passionne pour le basket de rue

1992 : la France des banlieues se passionne pour le basket de rue

Les Bleus du basket 3x3 ont obtenu une médaille d'argent le lundi 5 août aux Jeux olympiques de Paris 2024. Ce sport né dans les quartiers pauvres aux États-Unis est arrivé dans les banlieues françaises au début des années 1990, apportant une bouffée d'optimisme aux jeunes de ces quartiers.

Par Florence Dartois - Publié le 06.08.2024
Le basket de rue venu des USA - 1992 - 00:00 - vidéo
 

L'ACTU.

L'équipe de France de basket 3x3 s'est inclinée, après prolongation, face aux Pays-Bas, lundi 5 août, lors de la finale organisée à la Concorde. Les Bleus ont ainsi obtenu une médaille d'argent aux JO de Paris 2024.

LE JEU.

Le basket-ball à trois, plus communément appelé basket 3x3 est une variante du basket-ball. D'abord appelé streetball ou basket-ball de rue. Il se jouait traditionnellement sur le bitume, sur des terrains de fortune, les playgrounds, dans les ghettos et les quartiers pauvres des États-Unis.

Adapté des règles du basket-ball traditionnel, il privilégie les contacts rugueux, les actions spectaculaires et un jeu plus agressif en « un-contre-un ». Le 3x3 autorise une grande variété de mouvement, les moves. Par exemple le crossover (un changement brutal de direction devant son défenseur, associé à un dribble au sol) ou le alley-oops (la balle est lancée en l'air, et reprise par un coéquipier qui tire sans retomber au sol).

Il oppose deux équipes de trois joueurs (au lieu de cinq), et se pratique sur un demi-terrain. Ce format est devenu discipline olympique aux Jeux de Tokyo de 2020.

LES ARCHIVES.

Le basket-ball de rue apparait dans nos archives au tout début des années 1990, à l'image de ce tournoi organisé sur l'esplanade du château de Vincennes en juillet 1992. Une archive à découvrir en tête d'article.

« Pour tous les kids des banlieues, c'est le rêve de jouer devant leurs champions préférés. » En effet, ce blacktop (bitume en argot américain) se déroulait en présence de basketteurs professionnels américains de l'équipe des Hawks d'Atlanta.

Dominique Wilkins, né en France, était l'ambassadeur idéal de basket de rue. Il expliquait brièvement l'origine des playgrounds, ces terrains créés sur l'asphalte et sur lesquels toutes les stars avaient obligatoirement appris à jouer.

Preuve de l’engouement pour ce sport, plus de mille jeunes de banlieue s'étaient déplacés pour jouer et rencontrer leurs idoles dans une ambiance électrique.

« Aujourd'hui, c'est la banlieue parisienne qui a fait tourner le ballon très haut au hit de la jeunesse », concluait le journaliste visiblement conquis par l’effervescence.

Un sport fédérateur

« C'est la banlieue nord, c'est dur, c'est comme le basket... » Quelques mois plus tard, en décembre 1992, « Stade 2 » proposait un long sujet sur le basket de rue en se rendant dans la banlieue nord de Paris, à Aubervilliers, auprès de jeunes adeptes du streetball. Comme aux États-Unis, ici aussi, le basket de rue donnait des couleurs aux murs gris et permettait d’échapper à l'ennui.

« Ici, pas d'arbitre, pas de championnat, mais un rituel incontournable. Les leaders d'abord qui se réunissent pour former leur équipe. » Mais pour pouvoir choisir un joueur, il fallait réussir un lancer franc.

Dans un gymnase du quartier de Clignancourt, des jeunes s'entraînaient. Parmi eux, « la terreur des terrains », Mustapha Sonko, graine de bitume et basketteur professionnel de l'AS Sceaux, qui revenait régulièrement sur le playground de ses débuts. Pour ses potes, il était le symbole de la réussite sociale. Un exemple pour tous.

Surnommé Semou, il vivait toujours chez ses parents, et le basket faisait partie de son équilibre. Et même s'il avait perdu quelques dents suite à des « coups de coudes » sur le terrain, il n'aurait abandonné pour rien au monde sa passion.

Un parfum de NBA

Le samedi soir, Semou retrouvait « les parquets plus classiques du championnat de France ». Filmé lors d'un match contre Saint-Quentin, Semou était partout, livrant huit passes décisives à son équipe. « Des stats ordinaires pour lui », précisait le journaliste, mais son talent avait déjà été repéré par le stade de Gravelines en N1 A où il venait de signer un contrat pour l'année suivante.

Pour ses fans, interrogés plus tard, le basket de rue représentait une échappatoire puissante contre la délinquance. « Tu vois, quand on est en vacances, on pourrait aller faire des conneries. Au lieu d'aller faire des conneries, on joue au basket-ball. C'est important le basket pour nous », déclarait l'un d'eux.

Plus tard, à Pierrefitte, sur un terrain de bitume grillagé, David Lesmond, champion d'Europe avec l'équipe de France, revenait faire quelques paniers au beau milieu de la cité. Ce grand gaillard de deux mètres avait des rêves, ils étaient ailleurs, aux États-Unis, « le pays du basket » où se trouvaient les meilleurs joueurs.

Basket de rue en banlieue nord
1992 - 00:00 - vidéo

En attendant la gloire, ils étaient de plus en plus nombreux, chaque soir, à refaire les mêmes gestes, à marquer des paniers. « Il parait même, qu'à force de faire rebondir le ballon, quelquefois dans la grisaille, Magic (Johnson) apparaît comme un soleil », concluait le journaliste en verve.

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