Les Kurdes sont un peuple à l’histoire plurimillénaire, dont l’assise territoriale se trouve à cheval sur les régions du Sud-Est de la Turquie, du Nord-Est de la Syrie, du Nord de l'Irak et du Nord-Ouest de l'Iran. C’est en Turquie que les Kurdes sont le plus nombreux, représentant environ 15% de la population nationale turque, soit environ 10 millions de personnes, sur un total d’environ 20 millions de Kurdes dans la région (Syrie, Iran et Irak principalement).
Pendant des siècles, Kurdes et Turcs ont vécu au sein de l’empire ottoman, les Kurdes montrant une relative fidélité au sultan turc, et ce dernier voyant les revendications autonomistes des Kurdes avec une certaine compréhension.
Avec l'essor du nationalisme turc au XXe siècle, une coexistence impossible
Au XIXe siècle, l’Empire ottoman, considéré comme « l’homme malade » de l’Europe, semble en décalage par rapport à la modernité des nations européennes, dont la stabilité repose sur le principe de nationalité. Au sein de l’Empire ottoman, au contraire, coexistent différentes nationalités : Grecs, Arméniens, Arabes, Kurdes, et bien entendu Turcs, majoritaires.
La création du parti des Jeunes-Turcs, en 1889, est le symbole de cette tentative de transformation de l’Empire ottoman en nation turque. Dès lors, pour les adeptes du nationalisme turc, les autres nationalités de l’empire représentent un danger. On connaît le sort tragique réservé par le gouvernement des Jeunes-Turcs pendant la Première guerre mondiale aux Arméniens, livrés à l’un des pires génocides du XXe siècle.
Les Kurdes furent eux-aussi victimes des violences de la part des Turcs, et leurs revendications nationales se font de plus en plus pressantes, appuyées par les Alliés.
Au lendemain de la Première guerre mondiale, alors que l'Empire ottoman fait partie des puissances défaites, il est prévu lors du traité de Sèvres en 1920 de constituer un Kurdistan enfin indépendant.
Trois ans plus tard, le traité de Lausanne, en 1923, acte d'un renversement des rapports de force. L'Empire ottoman défait en 1918 a fait place à la Turquie moderne et nationaliste d'Attaturk, et la création d'un Kurdistan sur les territoires du Sud-Est de la Turquie n'est plus d'actualité.
De l'autre côté de la frontière turque, les Kurdes sont soumis à la même realpolitik dans les états qui se créent à cette époque dans la région, la Syrie et l'Irak étant notamment sous l'influence directe des Alliés, respectivement des Français et des Anglais.
Le conflit kurde de Turquie éclate dans les années 1980
La réalité culturelle, linguistique et politique des Kurdes n'est alors pas reconnue par la Turquie, si bien qu'une rébellion kurde éclate au cours des années 1980. Dès 1978, Abdullah Öcalan fondait le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une union du nationalisme séparatiste kurde et du marxisme-léninisme.
C'est en 1984 que débute réellement l'insurrection kurde, qui se traduira par un conflit sanglant et fratricide marqué par plusieurs phases, dont la dernière, à partir de 2015, particulièrement violente, trouve son origine directe dans la guerre syrienne.