Festival de La Rochelle : entretien avec John Cage

- Claude SAMUEL : présentation du Festival de La Rochelle, qui commémore cette année le bicentenaire des Etats-Unis ; fin de la journée consacrée à John CAGE.- John CAGE (en français) : à propos de la réaction du public à sa musique au concert de la veille et au sujet de la répétition ; la résistance de l'orchestre à sa musique ; cite la définition de la tristesse chez les Hindous : "la tristesse, c'est obtenir quelque chose que l'on n'a pas voulu, ou c'est aussi la perte de quelque chose qu'on aimait" ; pour lui c'était "une expérience musicale et sociale" ; la résistance des musiciens aux oeuvres nouvelles ;- A 8'10 : la musique comme phénomène social ; veut que chaque chose "vive de son propre centre" ; la division en sections de l'orchestre traditionnel ; ses changements apportés en soulignant que chacun était un individu ; s'est senti triste au concert du soir en constatant que tout avait été oublié de la répétition du matin ; autre possibilité : jouer cette musique au bord de la mer ou à la campagne ; les deux formes de public : assis ou qui peut bouger librement (analogie avec le rythme périodique de la Musique traditionnelle et le rythme a-périodique de la musique moderne et surtout de la musique électronique) ; l'expérience de son entrée dans une chambre anéchoique à la Harvard University en 1952 avec l'idée de ne rien entendre à l'intérieur, mais a entendu un son haut (son propre système nerveux) et un son bas (son propre sang en circulation) ;- A 14'10 : le concert d'hier soir d'une durée de 2H40 qu'il faut regarder comme de l'histoire, du passé ; sa manière de composer aujourd'hui, en utilisant l'harmonie qu'il a longtemps rejetée ;- A 17'30 : les débuts de ses études musicales, avec Adolf WEISS puis avec Arnold SCHOENBERG ;- A 19'40 : sa découverte de "Ionisation" de Edgar VARESE ; origines du piano préparé : a commencé par écrire des musiques sans instruments indiqués, juste des rythmes ; a écrit une pièce (une bacchanale) en trois jours "pour une danseuse qui était nègre", Syvilla FORT, dans une salle où il y avait seulement la place pour un piano : a essayé de trouver une série dodécaphonique africaine, sans succès : du coup a changé le son du piano avec l'aide de Henry COWELL ;- Vers 23' : anecdote au cours d'un voyage dans le désert de l'Arizona avec la Compagnie de danse de Merce CUNNINGHAM (son d'une aiguille de cactus et gamme de sons obtenue avec toutes les aiguilles, d'où l'idée d'un orchestre "botanique") ;- A 26'15 : les 1ers objets mis sur les cordes du piano (objets de cuisine, puis des clous et des vis) ;- A 28' : à propos du silence : "le silence, c'est les sons eux-mêmes, sans mon intervention" ; "le silence s'arrête quand nos émotions commencent" ; la création de sa pièce "4'33" divisée en 3 mouvements par David Tudor dans une forêt près de Woodstock ; sa pièce "Conférence sur le temps" ("Lecture of the weather ") commandée par la Radio Canadienne ;COUPURE BREVE A 32'34 PUIS REPRISE (changement bande)- Reprise : sa pièce"Conférence sur le temps "- A 36'30 : Questions du public : le changement de l'orchestre, analogue avec le changement social ; le rôle de l'ego individuel ; son rapport au bouddhisme ; la notion de centre de l'univers et de centre personnel ;- A 44' : question de Maurice FLEURET: "Pourquoi les champignons ? "- John CAGE: "je me suis dévoué aux opérations de hasard afin d'écrire une musique qui était en dehors de mes intentions, afin que les sons puissent avoir leur propre centre " ; l'idée de balance, pour équilibrer avec le hasard: "avec les champignons, on ne peut avoir des opérations de hasard " ; la dédicace personnelle du livre sur les échecs de Marcel DUCHAMP("Cher John, attention, encore un champignon vénéneux ") ; "en musique, contrairement aux échecs, on ne perd ni ne gagne" ;- A 48'15 : à propos des "Empty Words" ;- A 49'45 : son propre centre pendant le concert d'hier soir ;- A 52' : son travail avec les musiciens, commentaires sur la notation utilisée ; la difficulté de l'inactivité et de faire certains sons demandés ;- A 54' : son écriture, non liée avec ses désirs, "le résultat n'est pas prévu", "chaque exécution est différente" ;- A 59' : "depuis 10 ans je dis que les problèmes ne sont plus musicaux, mais sociaux" ; l'amélioration de la situation de l'orchestre ; l'ouverture plus grande des orchestres aux Etats-Unis ;- A 1H08' (en anglais) : sa situation de compositeur.